Homo, Kaloman Kalocsay el Streĉita kordo, 1931
Homo – Homme – Texte en Esperanto de Kaloman Kalocsay – Traduction en français de L. SCHUELLER-LEROY et Pierre HUMBERT
Homo,
Kaloman Kalocsay
el Streĉita kordo, 1931
Vi forĵetis vian veston haran, la manojn forŝiris de l’ tero
Kaj svinginte ilin al ĉielo, vi ekstaris kaj sur la levitan frunton
Vi verŝigis la sunon. Per forto magia de fingroj lertmovaj,
Je viaj sklavoj vi sorĉis ŝtonon, metalon, akvon ondantajn,
Sur la sovaĝajn ventojn vi metis vian jugon,
Kaj por paca laboro sin dungis en vian servon la fajro senbrida.
Leviĝis la inerta materio en maŝinojn, turniĝis, galopis, muĝis,
vian potencon hurlis tra la tero,
Dronis vivon kaj morton, spiregis vian gloron per pulmo giganta,
Dum via raŭka amvoka voĉo fandiĝis en melodion sur la florantaj kampoj,
Eksonis la kano, kaj viajn korbatojn ĝi kantis en noktoj lunbrilaj,
En via orel’: sonoraj melodioj, en via okul’:
la vidata pompo de l’ mondo, kaj aparta mondo en via cerbo,
Majesta kaj senlima, kiel mem la Spaco, graveda je astroj.
Vi staras en supro de ĉielatinga turo,
Observas vian verkon kaj fiere krias fieran vian nomon: Homo!
Ho! Kiel mi bruligus ĝojofajrojn sur pintoj de montoj,
Per sonoriloj mi alarmus vian laŭdon tra l’ spacoj malproksimaj,
Mi portus vin surŝultre al la bukedita miraklo de Ĝojo,
via admiranto, adoranto, ekstaza kantisto,
Diboĉa parulo en festa danco eterna
Mi estus, ho frata, ho kara kaj amata gento,
Ho kompatinda kaj malaminda
Kaj malbenata, abomenata, milfoje priplorata gento,
Korsange nutrata honto mia: Homo!
Ve, ŝiriĝas la vortoj de la himno gloranta,
Estingiĝas la ĝojofaroj, tranĉe plorigas la fum’ la okulojn,
La sonoriloj krevas,
Velkas ĝojfloroj: iliaj trunkoj estas trempitaj en venenon.
Kaj kion admiri? Arton de murdo?
Kiun adori? Falintan anĝelon?
Kion kanti? Veon kaj ĝemon?
Kion danci? Mortodancon sur ruinoj?
Kaj kial plu paroli? Vi scias ja!
Dolorus la ekzempleroj al la eldiranta buŝo.
Ve, ĉio vana! La sola savo estas
Rifuĝi de vi, rifuĝi al la fidelaj okuloj de la bestoj senkulpaj,
Al la milda verdo de branĉoj sin streĉantaj heroe al ĉielo
HOMME
Tu as jeté au loin ta peau de bête originelle,
Tu as arraché tes mains de la terre
Et les as lancées vers le ciel.
Tu t’es élevé et sur ta tête fière
Sur ton front s’est versé le soleil.
Tes doigts agiles ont ensorcelé la pierre,
Le bois et les métaux et l’onde claire,
Tu as dompté le vent sauvage,
Et asservi le feu que tu as rendu sage.
La matière devenue machine et, à ton gré,
A travaillé, couru et traversé l’espace
En hurlant ta puissance à la face
du Monde émerveillé,
Tu as donné la mort, tu as donné la vie,
De ton souffle la Gloire a jailli.
Quand ta voix rauque a appelé l’amour,
Elle s’est fondue en une douce mélodie
Sur les champs et les fleurs alentour.
Les battements de ton cœur résonnent
dans les roseaux sous la lune claire,
Tu entends leurs douces homélies,
Devant toi le monde s’éclaire
Mais ton âme garde en son sein ton envie,
Un règne sans limite, majestueux, sans voile,
Telle une immensité enceinte d’une étoile.
Contemplant ton œuvre du sommet de Babylone,
Tu défies le Ciel, en lui lançant, arrogant, ton nom: HOMME !
Ö, combien j’ allumerais, au sommet des montagnes
De grands feux de joies,
je carillonnerais mille et mille fois,
à travers l’espace tes louanges,
Je te porterais sur mon dos jusqu’à l’apothéose,
Je serais ton adorateur, et danserait jusqu’à l’osmose
En d’éternelles danses bachiques et étranges.
Ö Frère, cher et aimé
Ô Frère pitoyable,
Ô Frère haïssable,
Ô Frère mille fois pleuré,
Nourri de l’essence de mon cœur,
Ma honte et ma douleur : HOMME !
Las ! L’hymne glorieux se délite, et saigne
Les feux de joie s’endorment sous les cieux
Leur fumée brûlent tes yeux,
Les cloches s’éteignent
Les fleurs, trempées dans le venin
Sa fanent, merveilles sans lendemain.
Que reste-t-il à admirer ?
La beauté du geste qui tue ?
Qui adorer ?
L’Ange déchu ?
Que chanter ?
Des plaintes et gémissements dans l’ombre?
Que danser ?
Le bal de la mort sur les décombres? .
Pourquoi même parler ? Tu le sais bien, l’horreur
Des mots blesseraient l’orateur.
Las, tout est vain !
La seule voie pour fuir ton erreur
Est de partir, sans fin,
Loin de toi, se réfugier dans les yeux innocents
Des animaux fidèles, dans la douce ramure s’élançant
Vers le ciel immense, puis, sans repère,
Et enfin te terrer dans le tragique silence de la pierre..
Koloman KALOCSAY
( traduction de L. SCHUELLER-LEROY et Pierre HUMBERT )