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l’Accord de Nouméa

Dess(e)in commun

Plusieurs associations – Doo huny, Graphynord et Mere a’ xe-re – sont à la base de cette excellente initiative : illustrer le préambule de l’Accord de Nouméa. Trente-cinq pages citoyennes pour éclairer la jeunesse du pays. Préambule en bulles…

Au départ, lors d’une commission de l’enseignement, une formidable idée, due à Angéla Manakofaiva, a germé afin de rendre accessible aux scolaires un texte fondateur que la majorité de la population calédonienne méconnaît. Illustrer le préambule de l’Accord de Nouméa, c’est rendre abordable un pan important de la loi organique en révisant les périodes marquantes de l’histoire locale. C’est aussi donner à tous un outil pour de futurs choix électoraux décisifs. Phénomène global, notre société n’échappe pas à l’image et les jeunes générations encore moins. C’est pourquoi, ce merveilleux outil pédagogique, se feuilletant comme une bande dessinée, est indispensable à l’éducation civique de tous les scolaires du pays (et de leurs parents). L’évidence de cet ouvrage est qu’il résulte d’un travail collectif. À destin et dessein communs ne peuvent correspondre que des dessins réalisés en groupe. Rendons donc hommage aux illustrateurs, chapeautés par Gilles Reiss, de l’association Graphynord: Jean Amouine, Angélo Fisdiepas, Sonia Koa-Tayba, Jean-Luc Poanoui, Adrien Poindipenda. Signalons que Graphynord a déjà quatre autres ouvrages disponibles à son catalogue.

Mots-clés et naïveté graphique
Dans un premier temps, tous ces jeunes artistes ont soumis leurs premières esquisses au public à travers une exposition à la médiathèque de Poindimié, au centre culturel de Hienghène et à la bibliothèque de Pouembout. Les critiques de leurs regards ont été prises en compte. Pas de doute, les premiers témoignages confirment l’attirance des collégiens pour ces dessins, amenant à la lecture complète du préambule. Une curiosité qui induira aussi débats et interrogations. Qu’y découvre-t-on ? Un texte récent mis en images du passé, paradoxe qui exprime bien le choc des cultures ayant présidé à la formation du pays. Tous les mots-clés de ce préambule donnent à voir des images fortes, notamment pour toute la partie des premiers contacts, avec un trait noir et blanc qui rappelle les livres d’histoire. Vues kaléidoscopiques retraçant des événements sur une période, symboles indispensables (totems, poignée de main, signes identitaires, portraits de défunts célèbres) voisinent dans une certaine naïveté graphique, principalement pour les dessins en couleurs. Cette naïveté voulue touchera sans doute encore plus le public scolaire ciblé à travers un grand pouvoir d’identification. On y retrouvera, également, la spontanéité urbaine pour égayer les murs et les abribus – tagues et fresques – familier à nos yeux. Ce n’est pas un hasard si la dernière illustration est aussi celle de couverture : trois enfants écoutant un vieux (racontant l’emprise du sabre et du goupillon) auront à prendre une position claire pour leur avenir. Oui ou non. Et l’on perçoit bien où va la sympathie des auteurs. En tout cas, le choix qui s’impose aujourd’hui est bien de lire cet album souple et didactique.

Rolross