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Séquence Le Dit du cafard taoïste de Nicolas KURTOVITCH par Nicole Isch

Le Dit du cafard taoïste

Nicolas KURTOWITCH

Objet d’étude : la poésie

Niveau : 3ème et classes de lycée

  1. Le poète

Qui est N. Kurtowitch ? Réalisez une fiche sur cet auteur

 

  1. Les thèmes poétiques

–       Etude du titre

Qu’est-ce que le taoïsme ? Recherchez les sens différents du mot « cafard »

Le « dit » est une forme littéraire médiévale ; faites une recherche. Au terme de l’étude vous direz en quoi ce poème illustre le « dit ».

–       En vous fondant notamment sur la lecture des pages 14 ; 15 ; 23 ; 26 ; 28 ; 29, dites quel rôle est dévolu au cafard ; quelle fonction, quelle mission en dehors de ses repas de papier ?

–       Prêtez une attention particulière aux bêtes, faites une liste du bestiaire. Quel est l’intérêt ?

–       Quelle place tiennent le végétal et les lieux ?

 

  1. Le poème

–       Qu’est-ce qu’un haïku ? Observez les haïkus de la page 5 et des pages 17 à 20 ; essayez d’en composer d’originaux.

–       Voici deux  plans du texte ; êtes-vous d’accord avec ces découpages ?

L’un qui suit l’ordre du texte ponctué par des caractères gras, formant des unités de sens, l’autre qui va de la page 6 à la page 34 (repas du cafard et histoire du moine en quête spirituelle), et de la page 34 à la fin (chute triple)

 

 

 

 

 

Premier plan :

Relevés en gras Pages Progression
Le poète 6 Dans une vieille bibliothèque, au pied d’une colline près de la mer le poète médite et observe un cafard : « j’attends encore que le vent d’insouciance fasse le ménage »
7 Le cafard est perçu comme un ami

« « le cafard heureux tête sur un livre ouvert …sans souci…comme moine»

Lui 8 Le cafard capte »les pulsions livresques » comme le personnage du livre « capte les pulsions cosmiques »
Au matin 11 Le livre que dévore le cafard renferme l’histoire du Boudha : Cyakhamuni s’enfuit emportant dans les plis de sa robe un cafard
12 Le rôle du cafard se précise ; il aidera le moine dans sa quête initiatique et spirituelle, en grignotant le livre, symbole de connaissance
Demain

Ah ! brave cafard

 

14 Eloge du cafard par le poète ; le cafard a une grande mission purificatrice
Le Grand 16 Suite de l’histoire du moine
Il voit et 17 Le poète est distrait par les bruits du dehors
Le boddhisatva 19 Divagations du poète ensommeillé
Alors 27 Le boudha de pierre dans la pièce fait écho au Boudha du livre ; le cafard devient allégorie ; il est métaphorisé en M.Propre
Le ventre rempli de papier 33 Début de l’épilogue ; première chute, le moine trouve l’extase dans le vin ; sa méditation aboutit à l’ivresse
La paix 37 Libération et extase du poète qui vagabonde en esprit sur les versants de Bopope
La mort est là 40 Prémonition
Aucun 41 Mort du cafard, sa mission accomplie
44 « Mon ami le répugnant a ouvert la porte… »

 

Deuxième plan : Page 6 à 34 : histoire entrelacée de trois personnages : le poète qui recherche la paix dans l’observation du réel, la méditation et la solitude ; le cafard en plein repas littéraire ; dans l’Encyclopedia Universalis la quête d’un moine et son souci d’atteindre le Nirvana et l’ataraxie (inviter les élèves à définir ces termes).

–       L a richesse stylistique et morphologique

Identifiez, relevez ces figures de style et décrivez l’effet produit :

Onomatopée p.13 ; 14- Exclamations ; comparaison ; énumération ; anaphore ; métaphore.

Distinguez haïku et vers libres.

Eléments de réponse :

–       sur le taoïsme

Le taoïsme, philosophie et religion chinoise, plonge ses racines dans la culture ancestrale ; elle continue à influencer l’orient et l’occident. Elle fait l’éloge de la nature, de la spontanéité et préconise la plénitude du vide, percevant la civilisation comme une maladie. En quête de l’Equilibre, elle prône le non-agir, l’ascèse.

Le vin, l’ivresse sont des thèmes récurrents de la poésie taoïste ; Li Bai ( 701-762) est la figure populaire et emblématique de l’immortel joyeux et ivre.

Le taoïsme a du goût pour les noms, les bêtes, la nature ; donner le nom, c’est donner l’essence, connaître le nom de l’objet c’est reconnaître l’objet, le contrôler : le taoïsme affirme le pouvoir de mots, l’écriture des mots est chose primordiale ; manger les mots, c’est absorber la connaissance, épurer son âme et tendre vers le Nirvana, l’étape d’apaisement absolu.

Pour en savoir plus sur le taoïsme, consulter Tao Te Ching, LAO-TSEU, traduit par Ursula le Gun.

–       Polysémie du mot « cafard »

Insecte, blatte (entomologie)

Ravet d’église (religion)

Etat d’esprit négatif, déprime (psychologie)

Celui qui ébruite un secret ; celui qui cafarde

 

–       Représentations sur le cafard ; ses rôles

Le cafard est diversement appréhendé mais de manière globalement positive: « l’insecte à flanc de terre »p.6 ; « le cafard heureux…il est comme l’ami retrouvé » p.7 ; « il est comme moine… il est comme seuls savent l’être tranquilles êtres paresseux » ; « il est comme le bouddha assis… » ; « la bête »p.10 ; « bête vilaine »p.12 ; « l’Insecte » P .13 ; « ah brave cafard ! » p.14 « Merci cafard »p.44 ;  «mon ami le répugnant »p.44. A la fois condescendance et affection montrent la sympathie du poète pour le cafard.

La récurrence de termes de purification, les anaphores nombreuses telle celle du verbe « nettoyer »p.15, la recherche du vide, placent se texte dans le droit fil du taoïsme dont il reprend les principes. La quête spirituelle passe par la légèreté, l’abandon du superflu. Le cafard, par sa manducation, transforme le matériel en spirituel.

 

–       Le bestiaire

Animaux pages
Cafard 6-7-16-17-26-36
Guêpe 38
Abeilles 37
Lézard 32
Rats 25
Cochon 16
Eléphants 18
Crabe 24
Araignées 20
Cigales 28
Bête 10
Bête vilaine 12
Dents de la bête 17
rampants 32
Oiseaux 44
Singe – animal 46

Chevaux                                                  38

Papillons                                                   30

Raie manta                                              40

Libellule                                                    10

 

–       Nature et espace, végétal et lieu

Trois plans sont entremêlés et alternent : celui de la réalité et de l’observation ; celui du rêve éveillé et de la somnolence ; ces temps   concernent le poète. Celui du passé, qui relate l’histoire du Bouddha et du moine en quête de spiritualité dans le livre. Enfin celui du cafard qui bien que digérant du papier sous les yeux du poète, a une fonction universelle et intemporelle d’épurateur ; c’est le grand nettoyeur des pensées, celui qui apporte la paix de l’âme, jadis et maintenant.

Des indices indiquent que la scène se passe doublement dans une bibliothèque vieillote aux relents de canalisation, avec un sous-sol où vit un cochon ; des araignées tapissent les étagères, le libraire dépose des piles de livres dont certaines sont intouchées par le poète ; c’est un endroit abandonné et en même temps un espace de recueillement et de réparation mentale ; comme le moine du livre grignoté par le cafard, le poète cherche la paix ; l’espace est tangible et réel (Encyclopedia Universalis, bureau, verandah, étagères, planches, vide-sanitaire, effluves de cave et de canalisation, bibliothèque…) ; l’on reconnaît l’univers calédonien (colline p.6, gaïacs p.6, creek P.38, montagnes, plaines p.32, arbre, hibiscus, bambous p.32, roses p.34, flamboyant, montagnes p.37, fougères, herbe verte p.38…) Mais la scène se déplace aussi dans le livre grignoté par le cafard, dans un temps mi- fictif, mi-historique, livresque, qui bouscule les repères ; des personnages-clés donnent la couleur orientale au poème : Boudha, le bodditsatva, le Nirvana, Hymalaya, Indou Kouch p.27, moine…

Ainsi le décor et la méditation sont favorables à l’élévation de l’esprit, tant du poète que du moine ; le procédé de mise en abyme est judicieusement employé, à des fins didactiques : il y a une gradation, un relai qui passe du poète au cafard via le moine ; le cafard est la pièce maîtresse qui permet aux deux humains d’accéder à l’élévation spirituelle ; en grignotant le livre, il nettoie et efface toute pensée négative et obstruante : « méditer prend tout son sens seul face au mur vidé de tous les livres » p.27 ;  « un rien révèle par la grâce du cafard l’illumination »p.12 ; « S’il franchit l’ultime obstacle dressé par l’ami clandestin il franchira l’Epreuve de l’Insecte »p.13.

 

–       La richesse stylistique et morphologique

–       Onomatopée p.13 ; 14-

–        Exclamations : « ils sont très pressés ceux qui ignorent du Bouddha l’enseignement ah ! » (dépit, mise en garde).

–       comparaison : « il est comme l’ami retrouvé »p.7 et 8 ; le cafard prend une dimension amicale et humaine.

–       énumération : p.14 (accumulation de conditions favorisant un bonheur supérieur ; affirmation du principe du vide, conforme au taoïsme ; la civilisation, polluante, doit être mise à distance au profit de l’ascèse.

–       anaphore : « nettoyer » p.15 insiste sur la programmation de l’insecte voué au service des hommes qui recherchent la purification.

–       métaphore : « Monsieur Propre » p.26 donne une dimension allégorique au cafard.

–       Haïku au choix p.18 et suivantes

–       Vers libres

Nicole ISCH, Lettres Classiques

Stage FLE , FLS, FLM

AVRIL 2010