Les voies de la créolisation   Essai sur Edouard Glissant d’Alain Ménil Sep11

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Les voies de la créolisation Essai sur Edouard Glissant d’Alain Ménil

Glissant vu par Alain Ménil (à lire sur le blog d’Alex J. Uri)

« La pensée de Glissant a essaimé partout dans le monde…. et elle s’ouvre à un futur qui pointe déjà » Alain Ménil, philosophe martiniquais

1. Alex J. URI . Vous allez publier bientôt aux éditions De L’incidence, je souligne bien un essai sur Edouard Glissant, le poète martiniquais décédé le 3 février dernier à Paris. Par son ampleur, c’est un travail conséquent. Y travaillez-vous depuis longtemps ?

« Le décès d’Aimé Césaire a fait basculer mon travail dans une tout autre dimension »

Alain Ménil. En un sens, oui, mais initialement, cet essai n’était pas conçu ainsi ; et je ne pensais nullement, en commençant à travailler sur Edouard Glissant, aboutir à ce résultat. Il portait uniquement sur la notion de créolisation dans l’œuvre de Glissant. Je l’avais commencé en 2007 et je pensais que ce livre resterait dans des dimensions plus modestes. Si je veux être absolument sincère, ce livre tel qu’il se présente aujourd’hui n’a pas été prémédité. Le point de départ était une journée d’études que l’on m’avait demandé d’organiser à l’INHA en janvier 2006, et qui portait sur les relations entre Glissant et les artistes qui l’avaient inspiré, et l’influence que sa pensée exerçait sur les créateurs d’aujourd’hui.
Ce qui a fait basculer ce travail dans une tout autre dimension tient aux circonstances qui ont suivi le décès d’Aimé Césaire. L’ampleur des réactions suscitées par sa disparition, la mauvaise conscience exprimée involontairement par la classe politique française, et en même temps, l’enfouissement sitôt la page des obsèques tournée des intentions momentanément affichées sur l’enseignement de la mémoire de l’esclavage, sur l’intégration de l’œuvre de Césaire aux programmes nationaux, etc, tout ce folklore électoraliste et sentimental nous montrait exemplairement un point toujours non résolu de l’histoire et de la politique françaises : son histoire coloniale. On en avait bien eu une idée avec le fameux discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, mais là, on ne pouvait pas se contenter d’y voir un travers de la diplomatie française en Afrique, ou les crispations d’un camp politique. Ce point aveugle qu’est l’histoire coloniale demande à être interrogé, et ce ne sont pas quelques commémorations, ou journées spéciales comme celle de l’abolition de l’esclavage, qui nous dispenseront de ce travail. D’où une refonte de mon propos, en tentant de voir comment la pensée de Glissant nous donnait les moyens de répondre aux questions d’aujourd’hui. Le fait que sa pensée ait essaimé un peu partout dans le monde, et qu’il soit si souvent cité et discuté par les spécialistes des études postcoloniales était pour moi un appui évident : cette pensée ne concerne pas un passé spécifique mais elle s’ouvre au futur qui pointe déjà.
http://www.facebook.com/l/hAQASWw3aAQCvOml6s5thh__4SqCUlIdmbzOoDzUaicYIzw/alexjulesuri.blogspot.com/2011/08/alain-mesnil-la-pensee-de-glissant.html
www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/glissant.html – En cachePrésentation d’Édouard Glissant, 1928-2011 (biographie, bibliographie, textes, extraits audio). Île en île.