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Le théâtre de Nicolas KURTOWITCH par Nicole ISCH

 

Le théâtre de Nicolas KURTOWITCH par N.ISCH

Séquence : le langage théâtral

Public : à partir de la 3ème

Thèmes : représentations de soi et du monde, engagement, raison et déraison, sentiments et devoir

Objectifs : Faire redécouvrir l’argumentation au théâtre et le lexique du pouvoir

Texte d’étude : Le Sentier, 1998, ADCK

Plan de l’analyse proposée :

– Caractériser le texte théâtral

– Impressionner par un récit

– Dénoncer par un discours

– Parler pour agir

– Identifier un personnage par son langage

– Jouer avec les conventions

– Lectures complémentaires

– Le mot de l’auteur

Caractériser le texte théâtral

a) Faire travailler les élèves sur le rôle du choeur (relever le champ lexical de la paix, de la réconciliation, de l’intemporel, du transcendant).

b) Faire observer dans les 4 actes le dialogue entre les personnages, la répartition de la parole (monologue/monopolisation de la parole/ silence) ; en effet l’évolution de l’action passe par la parole, qui agit sur l’interlocuteur. Consigne : Etre attentif aux sentiments, remarques, idées des protagonistes, sous forme de tableau (la Femme âgée, l’Homme âgé, le Fils, la Jeune Femme prisonnière puis libérée, le Jeune Frère futur Chef).

c) Faire remarquer le récit historique sous-tendu, récit qui présente les faits survenus avant la pièce ; occasion de recherche documentaire sur l’histoire particulière de la Nouvelle Calédonie, ses stagnations et ses avancées humaines.

Impressionner par un récit

a) Etudier l’exaltation du Jeune Homme Acte I scène 2 (ponctuation, adverbes, ton de conviction)

b) Faire dégager les fonctions du récit théâtral dans l’acte II scène 2 où la Femme âgée, inquisitrice et intuitive, perçoit l’inclination de son fils pour la prisonnière blanche : fonction d’information, mais aussi incidence sur autrui puisqu’il cherche à produire des effets sur les autres personnages.

c) Dans l’Acte II scène 1 et l’Acte IV scène 1 qui ont une fonction argumentative, faire repérer les passages où tour à tour la Jeune Femme et le Fils cherchent à convaincre, à persuader, à impressionner, à susciter l’admiration par un récit offensif ou touchant.

– Dénoncer par un discours

a) Montrer la pondération puis l’indignation de la Femme âgée (Acte I scènes 1, 2 et 3). Quelle est sa position (idéologique, culturelle, humaine) ?

Parler pour agir

a) Acte III scène I, faire analyser le discours de la Jeune Femme, notamment ses tirades (plaidoyer, monologues, argumentation pour convaincre et persuader, registres ironique, polémique et lyrique).

b) Que reproche-t-elle au Fils ? Quel portrait chacun fait-il de soi ? De l’autre ?

c) Quelle est l’évolution du Fils ? Vers quoi s’achemine-t-on ? S’agit-il d’un dialogue de sourds ?

Identifier un personnage par son langage

a) Un destin en marche : faire distinguer la position politique de la Femme âgée par rapport à celle de l’Homme âgé par l’examen de son niveau de langage et son aisance à parler (Acte III scène 2).

b) Montrer, dans l’acte IV scène 2 comment le système de relations est inversé, non conforme à la hiérarchie conventionnelle coutumière (nette domination de la Femme, détentrice de sagesse, de pouvoir d’influence et de décision).

c) Faire réfléchir sur la difficulté à communiquer (référence au théâtre de l’absurde).

Jouer avec les conventions

Faire réfléchir à la mise en scène proposée ; est-elle représentative de l’espace kanak ? Faire émerger des propositions de mise en scène pour une dramatisation inédite.

Attirer l’attention sur le rôle des didascalies.

Lectures complémentaires :

2 pièces d’Aimé CESAIRE, La Tragédie du Roi Christophe et Une saison au Congo ; La Poignée de mains, de N. KURTOWITCH ; sa pièce de théâtre en un acte, L’Autre ; et 1 roman de Claudine JACQUES, Les Coeurs barbelés.

Le mot de l’auteur, interrogé sur le site internet d’ « île en île »:

« J’ai eu une histoire à raconter qui posait la question de la responsabilité par rapport à la colonisation. Moi, Nicolas, suis-je responsable de l’Acte de Colonisation perpétré par mes ancêtres, parmi lesquels Jean Taragnat ? Les Européens d’aujourd’hui doivent-ils porter, assumer, subir l’acte colonisateur de leurs ancêtres ?

Je devais traiter cette question, mais je ne pouvais le faire à travers ni la poésie, ni les nouvelles. Il me restait le théâtre. J’ai écrit la première réplique – « Nous avons une prisonnière » – et à partir de là, les scènes se sont enchaînées.

Ma pièce Le Sentier Kaawenya traite de la question de la responsabilité : mon père commet un acte ; dois-je par la suite être puni pour celui-ci. A priori non, sauf si l’on fait appel à des conceptions différentes de la vie et de la famille qui ne sont pas européennes. Les Européens mettent en avant le salut individuel, mais pourquoi n’y aurait-il pas de salut que de salut collectif comme pour d’autres sociétés ?

« Dans le théâtre, j’aime l’immédiateté de l’interrogation. »

Nicole ISCH- avril 2010