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Le Chaudron de Nick

Le Chaudron de Nick, Joël Paul

 

Avec Le Chaudron de Nick, Joël Paul décline le genre policier et son dérivé, le roman noir, en nous emmenant dans les coulisses de la mine et de la mafia asiatique. Il nous plonge dans le monde des affaires et l’on est initié aux dessous véreux du nickel.

D’où vient le nom Nick qui apparait dans le titre ? Son origine est un gnome nordique qui hantait les mines de fer et de cuivre et de nickel. Les mineurs suédois, qui avaient d’abord pris ce métal pour un minerai précieux, détrompés plus tard et vexés de la présence de cette substance qui se comportait fort mal à la fusion, lui ont donné de nom de Nickel, un des génies nains des mines.

Le roman programme la mort d’un enquêteur par la mafia asiatique qui ne veut pas que l’on vienne fourrer son nez dans ses malversations autour du nickel de NC. Il est condamné à mourir de la façon la plus cruelle qui soit.

Préfigurant cette mort tragique, un vitrail prémonitoire attire l’attention de l’enquêteur dans l’hôtel où il est descendu, à New York : la représentation d’un soleil dont les rayons, grossis par une loupe géante, enflamment un chaudron d’où s’élèvent des langues de feu. « Le chaudron du diable », pensa-t-il. Était-ce un présage ? La verrière était angoissante, avec cette loupe certainement tenue par un suppôt de Satan. L’on retiendra ce tableau, suggestif, funeste et théâtral qui finit ce roman noir avec une absence d’enquête, ce qui le différencie du roman policier.

Cette scène de vitrail érigée en allégorie mafieuse et dantesque, est reprise en écho dans la scène finale, où l’enquêteur est poussé dans la cuve de métal en fusion.

« D’instinct, avec ses pieds, il avait crocheté le rebord da la trappe lorsque son corps bascula dans le vide. Il était suspendu par les pieds, la tête et les bras ballants au-dessus du métal en fusion. Vaincu par la douleur, par la brisure de ses orteils et la détresse respiratoire qui le paralysait, il décramponna du rebord métallique. »

La densité de la scène tient aux évocations sonores (hurla, frappait avec une lourde clé), visuelles (les mouvements et gestes, la couleur rouge et jaune du métal en fusion), la discrétion de la scène (l’enquêteur est seul avec son bourreau, il n’y a aucun recours). C’est une tragédie et un crime parfait.

 

Nicole ISCH