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TAMALOU de Pierre Humbert

Il est des instants, dans nos vies, dans la mienne en tous cas, où nos corps baignent dans une sorte de félicité.
Ce matin-là, 2 décembre 2013, alors que quelques anonymes célébraient 384ème anniversaire de la naissance à Heiligenberg de Guillaume-Egon de Fürstenberg, autre illustre inconnu, à 6 heures 45, au moment de tremper mon pain dans mon bol de thé vert, je n’ai ressenti aucune douleur, aucun de ces petit agréments qui, chaque jour au réveil me font prendre conscience des réalités de l’existence.
Je ne me suis pas tout de suite rendu compte de cette euphorie. Petit à petit, j’ai réalisé que mon dos, mes reins, mes genoux, et toutes ces régions plus ou moins exotiques de ma carcasse étaient en parfaite harmonie avec leurs voisines.
Béatement, j’ai admiré, par la fenêtre grande ouverte, l’extraordinaire camaïeu de gris que le ciel avait peint sur la baie.
Le ciel et la mer s’étaient confondus, unis comme aux premiers temps, avant que le Grand Ordonnateur n’ait inventé le soleil.
De ci, de là, les ilots plus proches « pointillaient » le spectacle, comme pour indiquer aux rares oiseaux le chemin de la ville, dont aucune des maisons ponctuant habituellement la ligne d’horizon n’étaient perceptible à l’emplacement de la capitale.
De crainte de rompre ce presque miraculeux équilibre, je suis resté là, la tartine en main au dessus du bol fumant, sans penser, presque sans respirer, tout simplement satisfait.
Le temps n’existait plus.

C’est alors que Patton, chat noir et blanc perpétuellement affamé au nom de guerrier blindé, a sauté sur le banc, et a, sans la moindre vergogne, glissé sa tête sous mon coude pour, comme chaque matin, me dire bonjour.
Il ronronnait allègrement quand je lui ai gratté tête, entre les oreilles, là où il aime.
Ce simple mouvement a réveillé ce qui fut mes muscles et le charme fut rompu, l’ordre des choses rétabli et je sus instantanément la réponse à la fameuse question « tamalou « …