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Noël de Pierre Humbert

Noël

Dans quelques jours, d’innombrables familles vont fêter Noël.
Cette fête, pour les chrétiens, commémore le point de départ d’une ère ne se terminant qu’à la fin du temps, à l’heure si crainte et tant attendue du jugement dernier. L’alpha et l’oméga se rejoindront alors dans la gloire de la parousie finale.
Les scientifiques et les religieux de toutes les obédiences monothéistes sont, pour une fois, à peu près d’accord. Cependant la date de l’événement origine de cette fête gorgée de symboles fut fixée bien longtemps après l’époque de l’immense instant qu’elle perpétue.
Quand il est dit fixée, il ne s’agit que d’une notion moderne. En effet, les savants et les théologiens ( qui étaient souvent les mêmes ) ne furent évidemment pas du même avis, les uns se basant sur le passage de l’étoile des Mages, associée à ce qui est devenu la comète de Halley, d’autres sur la conjonction de Jupiter et de Saturne ou de Vénus. Pour ne pas être en reste, d’autres ont choisi l’apparition d’une Nova dans la constellation de l’Aigle.
Pratiquant un raisonnement moins astronomique, quelques-uns uns ont posé un postulat : en raison de son origine divine, l’enfant né ce jour là n’a pu vivre qu’un nombre entier d’années. Tenant pour certain qu’il est mort le 8 des calendes d’avril, c’est à dire le 25 mars, ils décidèrent qu’il ne pouvait avoir été conçu qu’un 25 mars, et donc naître 9 mois plus tard, un 25 décembre. Dans le même souci, il avaient décidé que Sa Mère l’avait porté précisément 9 mois , pas un jour de plus, pas un jour de moins
D’autres encore ont pensé, plus prosaïquement, que le choix cette date permettait de christianiser les rites des errements religieux antérieurs. Les romains fêtaient, ce jour là, le dieu Mithra, issu de l’Inde de l’époque védique, plus de 1300 ans auparavant, et arrivé à Rome venant d’Iran en passant par la Grèce.
Il me semble important de noter que l’essentiel du culte de Mithra était l’initiation à sept degrés, se terminant par un banquet sacré. On ne peut s’empêcher de penser aux sept Béatitudes, aux sept dons du Saint-Esprit etc. et, surtout, à la Cène.
Ces fêtes se déroulaient partout dans le monde habité, au moment du Solstice d’hiver, période festive s’il en est, et génératrice de questionnements et de réflexions depuis que la notion de recherche de leur origine et d’inquiétude de leur devenir a commencé à triturer sérieusement le cortex de nos ancêtres.
Cette dernière hypothèse me parait séduisante, car elle prouve la grande sagesse et le sens pratique des Anciens. En faisant coïncider les fêtes des cultes anciens avec celles de la foi nouvelle, ils en ont facilité l’éclosion. Sur leur lancée, et sans doute dans la même intention, ils ont assimilé la naissance de Jean-Baptiste au Solstice d’été, et Pâques, symbole universel de résurrection, au Printemps.
N’étant déjà pas du même avis pour le quantième du mois, les mêmes érudits ne furent bien entendu pas plus accordés sur l’année. Les dates avancées varient ainsi dans une fourchette de 20 ans, ce qui, en définitive, n’a pas une très grande importance, et ne rajeunit ni ne vieillit personne. Denys Le Petit, après des calculs aussi savants que mystérieux, a finalement choisi l’année 754 de Rome. La date d’origine de la ville « éternelle » étant elle-même assez approximative, ce choix paraît toujours aléatoire aux esprits exigeants.
Ces précisions, objet d’interminables discussions byzantines entre vétilleux chercheurs n’ont cependant dans l’affaire, qu’une portée toute relative : celle que chacun veut bien leur accorder. Elles ont peut-être quand même ici le mérite de distraire un peu nos contemporains en leur faisant oublier les vicissitudes d’une vie parfois pesante, le temps d’une lecture, comme un cadeau de Noël!
La seule chose qui importe en cette période, en dehors de son aspect religieux, est l’immense espoir, et les furieux désirs de justice, d’amour et de paix qu’elle fait naître en chacun de nous, ne demandant qu’à pousser le Monde hors de l’ignorance et de l’hypocrisie, et le conduire, enfin, à l’Humanité.
Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre?

Pierre Humbert