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« Magnitude 7 »

Des mots dans l’île

Publié par L’Herbier de Feu, « Magnitude 7 » est un beau livre illustré avec sept poèmes pour Haïti. Sept mises en mots d’une catastrophe, de son vécu et de son ressenti. Des mots pour le dire et pour aider avec une force de magnitude aussi élevée. Dans le fracas du monde…

Le cataclysme survenu dans l’île d’Haïti en janvier dernier est encore dans toutes les mémoires, ne serait-ce que par la débauche d’images/chocs dont notre société médiatique aime à se repaître. L’AENC (Association des écrivains de Nouvelle-Calédonie), l’AEDE (celle des éditeurs) et tous ceux impliqués dans la filière/livre ont été doublement touchés par ce drame, chiffrable scientifiquement : 7,3 sur l’échelle, hélas ouverte, de Richter. Doublement car le SILO (Salon international du livre océanien) 2009 à Poindimié et le festival insulaire d’Ouessant, entre autres, ont permis des rencontres amicales encore récentes avec des écrivains et poètes haïtiens. Dont James Noël, jeune poète talentueux et attachant, qui au début de cet ouvrage « lâche quelques mots en catastrophe » sur ses frères, trop habitués à « ces fins du monde ».

Toucher le cœur de l’homme
Bernard Billot, Tristan Derycke, Bruno Doucey, Imasango, Nicolas Kurtovitch, Frédéric Ohlen (également initiateur désintéressé du projet) et Laurent Ottogalli ont tenté par leurs mots de dire l’indicible, de trouver le mot juste et consolateur, de porter l’espoir par la poésie qui peut sembler bien inutile dans ces moments de grande détresse. En exergue du recueil, Bruno Doucey le précise : « Quand la vie est menacée, le poète est peut-être moins utile que le secouriste, la logistique humanitaire, l’intervention de l’urgentiste. Mais il dit autre chose, qui touche le cœur de l’homme et porte son espoir au devant de lui-même ». Voici donc des mots envoyés dans l’île pour y apaiser ses démons. Bénéficiant d’une belle iconographie – Bernard Billot, Pascale Monnin et Imasango – les sept poèmes, avec des angles différents, abordent le drame physique, la souffrance s’acharnant sur ce peuple, nos propres démons et nos lâchetés, mais également le souffle de vie inextinguible qui remet sans cesse l’homme debout.
Après un premier tirage de quarante-neuf exemplaires, pratiquement épuisé, Frédéric Ohlen prévoit une réédition de cinquante recueils. Ce sera l’opportunité d’acquérir un bel objet en soutenant une noble cause. En effet, les huit mille francs dépensés pour chaque livre iront intégralement en Haïti. Comment hésiter ?

Rolross