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« L’usine à guêpes » de Bernard Berger

Happy culture

Vingt-troisième album de la Brousse en folie, « L’usine à guêpes » de Bernard Berger carbure, une nouvelle fois, à l’humour en soulevant des problèmes de notre société. Quand Tonton Marcel se pique de tourisme…

Bernard Berger récidive avec une histoire longue dans le cadre de la bônde dessinée qui a fait sa célébrité et celle du caillou au-delà des mers. Véritable patrimoine culturel, ces cases surmontées de phylactères cultivent le comique qui châtie nos mœurs. Une happy culture, si l’on peut dire en jouant, sur les mots du titre. Après l’escapade urbaine du précédent album « Nouméa Texas », « L’usine à guêpes », sous-titrée conte d’Oukontienban, se déroule en brousse, celle si familière que l’auteur nous a appris à aimer. En effet, les quatre archétypes ethniques, dont Marcel est le plus beau fleuron, sont bien présents avec leurs petits travers (qui n’en a pas ?) humo-rustiques, leurs coutumes engendrant la bonne humeur, leur débrouillardise jamais prise en défaut et leur bon sens près de chez eux. Ils font tellement tous partis du paysage calédonien qu’ils ont décidé de le mettre en valeur en s’impliquant dans le tourisme. Lorsque l’on sait les vrais déboires de ce secteur (pourra-t-on, un jour, s’en sortir avec brio ?), on ne peut que saluer leur courage. Hélas, les embrouilles, les chausse-trappes, les traquenards et les embobinages les guettent car leur meilleur des mândes attirent les faisans, les poules, les lutins et les guêpes…

L’Ataï de guêpes
Evidemment, avec ce Berger ne suivant pas le troupeau moutonnier, toute ressemblance avec des personnes connues est loin d’être fortuite. Cela débute avec un petit cours d’histoire locale où de vrais mensonges permettent de comprendre certaines réalités du pays comme l’incommunicabilité atavique régnant entre les peuples depuis toujours. Puis, on croisera des gendarmes audacieux mais pas téméraires, un clan avec deux inénarrables clampins, l’éternel voisin qu’on envie, une montagne à exploiter ainsi que la crédulité de ses habitants et d’une main d’oeuvre importée, des es-crocs aux dents longues, une usine qui soigne sa façade derrière un écran de fumée, et surtout une ribambelle d’animaux allant de la corne molle à la susdite guêpe précitée. Un insecte belliqueux contre lequel la seule arme est la fuite (dard-dard). Le texte comme à son habitude cultive le calembour façon Dard (Frédéric) afin de ne pas filer le bourdon au lecteur. On remarquera un hommage appuyé par la pointe du crayon à un trio fondateur de la BD française, des margoulins qui, manquant de lettres, se débrouillent comme des pieds au pays du nickel. Hommage aussi à un duo comique cinématographique US de légende, composé d’un gros et d’un maigre. Hommage cinema, encore, à l’oncle Alfred avec une attaque de guêpes rappelant celle des “Oiseaux”, mais ici en version Ataï de guêpes. Dommages enfin pour les affairistes de tout bord, ayant plus d’une tour dans leur sac(cage), et pour des syndicalistes marrons qui n’auront aucune peine à se reconnaître. En attendant, n’hésitez pas à vous frotter à ce venin de guêpe dont la première vertu est l’explosion… de rire!

Rolross