Chanson des joies / A song of joys   de Walt Whitman Août30

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Chanson des joies / A song of joys de Walt Whitman

Chanson des joies

Car je veux écrire le plus jubilatoire des poèmes !
Un poème tout en musique – tout en virilité, tout en féminité, tout en puérilité
Plénitude d’usages communs – foultitude d’arbres et de graines

J’y veux la voix des animaux – la balance vivace des poissons !
Je veux qu’y tombent les gouttes de pluie musicalement !
Je veux qu’y brille le soleil que s’y meuvent les vagues musicalement

Sortir de ses cages la joie de mon esprit, filant comme une langue de foudre !
Posséder tel globe précis ou telle portion mesurée du temps ne me comblera pas,
Ce sont mille globes c’est l’ensemble complet du temps qu’il me faut !

J’envie la joie de l’ingénieur, je veux m’en aller sur la locomotive
Entendre la compression de la vapeur, quel plaisir le hurlement de son sifflet, une locomotive qui rit !
Irrésistible la pression de la vitesse qui nous emporte à l’horizon.

Ce délice aussi de flâner par les collines et les prairies !
Feuilles et fleurs des humbles herbes communes, fraîcheur d’humidité des sous-bois,
Enivrant parfum de terre dans la prime aube, aux jeunes heures de l’après-midi
[…]
Walt Whitman, Feuilles d’herbe, traduction intégrale et présentation de Jacques Darras, Poésie/Gallimard, n° 372, mai 2002, p. 251

A song of joys

O to make the most jubilant song!
Full of music–full of manhood, womanhood, infancy!
Full of common employments–full of grain and trees.

O for the voices of animals–O for the swiftness and balance of fishes!
O for the dropping of raindrops in a song!
O for the sunshine and motion of waves in a song!

O the joy of my spirit–it is uncaged–it darts like lightning!
It is not enough to have this globe or a certain time,
I will have thousands of globes and all time.

O the engineer’s joys! to go with a locomotive!
To hear the hiss of steam, the merry shriek, the steam-whistle, the
laughing locomotive!
To push with resistless way and speed off in the distance.

O the gleesome saunter over fields and hillsides!
The leaves and flowers of the commonest weeds, the moist fresh
stillness of the woods,
The exquisite smell of the earth at daybreak, and all through the forenoon.

Walt Whitman