TEXTES DE SOLIDARITE AVEC L’UKRAINE : Marlene ALLARD Juin27

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TEXTES DE SOLIDARITE AVEC L’UKRAINE : Marlene ALLARD

Maman !                                                                        Résultat de recherche d'images pour "drapeau ukraine"

Sa longue chevelure noire recouvre ses frêles épaules.  Une frange droite cache en partie son front volontaire. Avec son pull vert espoir sous sa robe chasuble, Daryna   nous regarde d’un petit air malicieux. Son « legging » chocolat  ajoute une expression gourmande. Mais ses petits pieds, emmitouflés dans des pantoufles rouge-sang nous ramènent à la terrible réalité : la guerre, les « boums » dans les oreilles, le noir dans la cave, l’odeur de bois brûlé, le froid, l’angoisse dans les yeux d’une petite fille de sept ans.

  Elle est assise dans ce bus qui se dirige vers la frontière polonaise. Sa grand-mère est restée au village,  calfeutrée sous terre avec le grand père souffrant. Sa mère est hôtesse de l’air. Elle n’a pas toujours le temps de s’occuper de sa petite fille.  Daryna habite avec ses grands-parents, à Lviv, en Ukraine, depuis son plus jeune âge.  

Pourvu que maman soit au rendez-vous !

Mamie Olga a inscrit son nom, le numéro de téléphone et l’adresse de maman. Là, à l’intérieur de son bras, à même la peau. Grand -mère a noté avec le marqueur indélébile qui servait à écrire le poids des sacs de blé dans les champs.

Elle ne peut donc pas se perdre !

Autour d’elle des pleurs, des gémissements, des yeux rougis  ; certains sont endormis, d’autres regardent le ciel par les grandes fenêtres du bus, angoissés d’y voir surgir un drone assassin. Des valises et des baluchons s’entassent partout. On se pousse, on se serre.

Une odeur forte et acide pique les yeux.

Le convoi traverse la ville. Ce grand trou fumant, c’est son école. Là, les jeux dans le parc, que leur est-il arrivé ?

 Les tuyaux des balançoires sont tordus, le trampoline est renversé, de gros blocs de pierres recouvrent les marelles et le toboggan.

Ses copines ne sont pas sur le trottoir, pour lui faire des grands signes d’au-revoir comme au moment des vacances scolaires, lorsque Daryna rentre en Pologne. Dans la rue des soldats marchent courbés avec leur casque sur la tête et leur lourd fusil dans les mains.

Soudain, le véhicule se met en marche. Sa petite tête débordante d’anxiété bascule sur le côté. Portée par le ronronnement du moteur, elle se rappelle la berceuse que sa grand-mère entonne quand le tonnerre gronde, que la foudre claque et que Daryna tremblante, se cache sous la couette au fond de son lit.

La mélodie   monte à ses lèvres. D’abord un murmure hésitant puis quelques kilomètres plus loin une chorale d’enfants vibre dans le bus.

Les notes l’enveloppent. Elle serre son chaton gris tout poilu dans ses petits bras.  Dodu il lui tient chaud au ventre. Elle n’a pas mangé aujourd’hui. Ses paupières lourdes s’ouvrent une dernière fois.

La colonne de bus traverse le parc, c’est la fin de l’hiver. Les oiseaux virevoltent en gazouillant comme des feuilles légères.

Les arbres deviennent de jolis ballons orange, verts, bleus. Daryna est émerveillée. Elle danse, les attrape et s’envole tout là-haut dans le silence et la douceur.

Daryna, ma chérie, réveille-toi !

Quelle joie d’apercevoir le beau visage de maman !

 

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