L’I-phone et le quintal

L’I-phone et le poids-lourd 

 

Par une magnifique journée du mois mai, artisan constructeur sur mon chantier au lotissement « les hauts de Karikaté », je me plaisais durant une courte pause à admirer le paysage environnant : ces hauteurs privilégiées dominent le lagon d’un calme impressionnant. Clous après vis, le carport prend forme au fil des heures ; pêcheur chevronné je regardais avec peine et envie ce lagon magnifique et attirant. J’étais distrait, ouvrier perché sur mon échelle de neuf barreaux.
De moins en moins concentré, j’ai déplacé l’échelle en laissant le marteau non loin, sur la charpente, un œil sur la passe de Uitoé, l’autre sur le voilier qui peine à avancer dans cette matinée sans Éole.
Je tends le bras, parviens à toucher le manche du marteau mais la distance est encore trop longue pour le saisir ; une petite bascule du bassin et le tour de magie se produit…. le pied gauche glisse, entraîne le droit qui provoque une rotation de cent quatre-vingts degrés de tout mon corps. Alors le dos à l’échelle, je me sens filer dans une descente vertigineuse, rebondissant sur le fessier à chaque barreau. Le sol arriva très vite. Heureusement, je m’en sors  sans dommage apparent.
Après une brève inspection de mon corps, encore tremblotant je porte ma main droite à la poche du même côté et en extrait mon téléphone. La vitre est brisée mais l’appareil reste fonctionnel : très vite je rentre dans les contacts de mon annuaire, le nom Raymond apparaît ; je lance l’appel, la sonnerie retentit et tout heureux j’entends quelqu’un qui décroche !
-Raymond ?
– Non, c’est Christian. Excuse-moi, c’est une erreur dit-il en raccrochant.
Deuxième tentative, ça décroche !
– Raymond ?
-Non c’est son fils !
Plus de doute le « IPhone 5 S de chez Apple » n’a pas survécu à cette magnifique chute du mois de Mai dans les Hauts de Karikaté sous ce ce poids lourd du bricolage. D’où l’expression très médicale « d’obèse morbide » ! IPhone 5 n’a pas survécu à ses blessures….

 

D. Song