La soupe de mon père, D. SONG Août24

Tags

Related Posts

Share This

La soupe de mon père, D. SONG

La soupe de mon père, D. SONG
 Elle était belle cette marmite à pression offerte à cette époque comme cadeau ! Utile à toute la famille mais utilisée seulement par Maman, c’était un vieux modèle en fonte d’aluminium.
Maman était souvent en déplacement médicalisé en Australie pour ma sœur handicapée, nous étions donc entre hommes à la maison ce vendredi après-midi. Pap s’était lancé dans la confection d’une délicieuse soupe carottes-poireaux-pommes de terre, que nous emmènerions pour le week-end à notre propriété. Minutieusement épluchés, découpés, les légumes embaumaient dans la cuisine et la pression de la vapeur provoquait un «pcht pcht » prometteur pendant vingt minutes environ ; pendant ce temps nous préparions les affaires.
Une fois la cuisson terminée, la soupe chaude est alors posée sur le toit de la voiture pour refroidir, nous chargeons la Peugeot 404 et nous prenons la route en oubliant le velouté de légumes, haut perché !
Nous habitions en haut du Faubourg, donc, pour rejoindre la Vallée des Colons, nous devions emprunter la grande descente rue de la Seine.
Une cinquantaine de mètres au début de cette pente, un chat, surgi de nulle part, se lança devant la voiture ! Coup de freins brutal et là un objet non encore identifié venu d’en haut est propulsé devant nous… Un premier bond accompagné d’un bruit sourd sur le capot, nous permet l’identification de la marmite qui se met à tourner sur elle-même. Nous assistons alors à sa métamorphose extraordinaire. Au premier tour elle se déforme, au deuxième tour le couvercle saute et se dégage, ivre de liberté : c’est trop de pression, elle s’en va, boudeuse !
Et la leçon de physique commence avec la démonstration de la force centrifuge. Encore un demi-tour, et la soupe est plaquée dans le fond de la marmite ; au demi-tour qui suit le liquide est projeté en l’air, nous offrant une gerbe odorante hachurée de rondelles de carottes, de carrés de pommes de terre et de feuilles de poireaux.
De ma petite voix enfantine je laisse échapper :
– Celle-là on ne la mangera pas !!!
Mon père, plus inquiet du sort de la marmite et de l’explication à fournir à Mum s’arrête et ramasse le matériel de cuisine restant. Cet épisode finira bien, nous laissant dans un coin de notre esprit une idée fumante pour la prochaine fête des mères…