La parole, une réflexion d’André Waminya
La parole
Parole d’hier, parole d’aujourd’hui, parole de demain,
Elle est un feu qui brûle et qu’on ne peut attraper de ses mains, certains la maîtrisent, d’autres un peu moins. Née de l’être, d’abord esprit, puis homme, elle ne nous appartient jamais.
C’est ainsi qu’avant de prendre la parole, je tiens à m’humilier devant tous. Grands, petits, enfants, jeunes, vieilles, mariés, rois, ouvrir cette porte de ce que tous ici présent nous représentons : une magnifique et grande case.
Parole d’hier, parole d’aujourd’hui, parole de demain,
Miroir de l’âme, juge de la conscience, comme la fumée qui solidifie et resserre les attaches de notre grande case, elle nourrit l’enfant qui grandit et conduit la lance de l’homme qui vieillit, en le guidant jusqu’à la natte où s’est assis le vieux sage.
Un mot, un son, une phrase en chanson, c’est ouvrir son cœur tout simplement. Prendre vie par le souffle de la bouche, bercer les ardeurs farouches et raviver des sentiments longtemps oubliés, telle est la parole donnée.
Parole d’hier, parole d’aujourd’hui, parole de demain
C’est un poison qui ronge et décime jusqu’à la plus infime racine, mais elle a le pouvoir de guérir.
Outrage, comme la force de ces vagues qui se jettent sur les parois rocailleuses du rivage, elle défie avec arrogance les générations l’une après l’autre, mais elle est la force d’un rocher qui ne bouge jamais.
Parole d’hier, parole d’aujourd’hui, parole de demain
Délivre des vérités jugées trop souvent insensées. Prison de la pensée enchainée par le passé qui nous maintient rigoureusement dans les méandres d’un monde fragile en apesanteur, mais elle est un savoir millénaire qui libère.
Il n’y a pas de raison, juste le respect du plus grand.
Il n’y a pas d’âge, juste la voix d’un sage.
Parole d’hier, parole d’aujourd’hui, parole de demain
Voyageuse dans le temps, témoin d’un passé qui restitue l’histoire en l’écrivant à nouveau. Elle fait resurgir les plus sombres secrets aux origines de la vie dans un monde où l’horizon n’existe pas.
Il n’y a que moi, je parle de ce que je suis et non pas de ce que je sais de l’autre, car ce que je sais de l’autre ne m’appartient pas. L’homme se rattache à sa terre, son histoire mais la parole qui se meut reste constamment soumise aux contours d’un espace qui lui est propre.
Parole d’hier, parole d’aujourd’hui, parole de demain
Soudain le feu s’est éteint, nous arrivons à la fin,
Après avoir ouvert la porte, je me dois de la refermer, c’est peut-être le tour de quelqu’un, qui sait ? Je m’humilie encore une fois et je prononce quelques mots pour remercier, «oleti azedi hë».