Composition de Michel Chevrier sur l’Océanie
ITINERAIRE
De l’évanescence saharienne à l’ancrage charnel océanien
***
Sahariennes, Océaniennes,
Des images.
***
Prisonnières d’un crâne,
Aux méandres d’une mémoire
Elles dialoguent.
Puis s’apprivoisent.
SAHARA
Présent au vide,
Seulement l’homme.
***
Tu occupes l’exacte totalité,
Par toi le paysage s’anime.
Tu amènes la vie,
Tel un dieu !
Qui ose parler de solitude.
***
La roche à vif ,
Apure l’esprit.
Le minéral n’est pas ton ennemi,
Il t’offre la fusion.
***
Drapé, hiératique,
Tu glisses sur un sol
Qui ne saurait rien te refuser
D’idéal.
***
Tu te fonds
Dans l’évanescence
De la fournaise de midi,
Et crois mener le jeu.
***
Ile de verdure
Perpétuellement guettée
Des sables,
L’oasis.
***
Bruissement d’oiseaux,
Regards brûlants d’adolescentes,
Douceur des palmeraies,
Ton puits t’enracine
Face au désert.
***
Prends garde,
L’évaporation
Sourd des sables.
OCEANIE
***
Surabondance,
Trop plein de vie,
Tu n’es qu’une vie de plus.
Négligeable au regard.
***
Foisonnant,
Le végétal
T’absorbera.
Sois vigilant.
***
La vie s’accélère,
Se nie,
Se submerge.
***
A peine naît-elle,
La plante,
Qu’elle se voit
Poussée à la mort.
***
Des millions de plantes sœurs
Réclament leur dû.
***
Te vient cette angoisse,
Il te faut conjurer ces forces,
Elles montent du sol.
Le végétal te guette.
***
Tu le peuples de masques, de totems et de tikis,
Pour te concilier l’humus.
***
Crains l’absorption.
Tu n’apportes rien.
***
La vie déjà pleine,
Déborde et suinte.
Les plantes t’observent,
Prêtes à réoccuper le terrain.
***
On t’accepte,
Connais ta faiblesse,
Eprouve l’humilité
Que tu dois.
***
Tes gestes sont lents,
Le regard se baisse,
La gesticulation,
Serait provocation.
***
Rien ne bouge.
Accélération vitale au-delà du seuil.
Tout est fixé pour l’éternité.
***
La montagne, elle-même
N’ose le mouvement,
Subjuguée qu’elle est
Par la coulée verte.
***
Ne t’y trompe pas,
La végétation ne l’a pas envahie
Elle procède de l’azur
Et dévale les pentes
Vers la mer.
***
Alors,
T’est donnée
La quiétude.
***.
Tu es là.
***
Les questions se dissolvent.
***
Tu croises
Le regard des hommes
D’ici.
Ils te reconnaissent frères,
D’un froncement de sourcils.
***
L’île,
Prudemment retirée en son récif,
Apprivoise ses eaux,
Elle a oublié
La tempête.
***
La montagne,
Réfugiée au centre,
Hissée vers les dieux,
Fuit l’océan,
Certaine qu’il cherchera toujours
A la reprendre.
***
Coite,
Elle use de sa masse,
Sa ceinture de corail
Lui promet la plénitude.
***
Et te l’accorde.
***
Désormais tu le sais,
Tu participes de ce foisonnement.
Plantes et fleurs.
Sont tes Sœurs !
***
Disparue l’angoisse.