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Le discours politique kanak Hamid Mokaddem

Le discours politique kanak – Hamid Mokaddem
(Jean-Marie Tjibaou, Rock Déo Pidjot, Eloi Machoro, et Raphaël Pidjot)
2012, Koohné/Nouméa, les éditions de la Province Nord, 188 pages.

Aube des années soixante-dix : le peuple kanak n’existe pas en tant que tel dans l’espace politique de la Nouvelle-Calédonie. À peine était-il considéré comme la faune et la flore. Sans aucune reconnaissance ni considération, le peuple indigène et autochtone était devenu étranger et immigré à son propre pays. Années quatre-vingt : les militants nationalistes kanak luttent contre la « destruction » du peuple kanak pour empêcher que les groupes autochtones ne deviennent « dans le système colonial, comme quelques petits pois perdus dans un potage » (Eloi Machoro). L’histoire politique de cette lutte est aussi l’histoire des discours politiques kanak qui ont contribué à convertir le peuple autochtone en peuple national de Kanaky. La puissance oratoire de Rock Pidjot ou de Jean-Marie Tjibaou côtoie la parole d’Eloi Machoro ressaisie par l’écriture concise de Raphaël Pidjot. Tous ces discours convergent vers une puissance dialectique : convertir le patrimoine ancestral kanak par la mise en pratique du discours en identité nationale et politique de Kanaky. Ces discours sont contemporains de deux séquences d’événements décisives pour l’histoire contemporaine de la Nouvelle-Calédonie : 1/ 1984-1985, l’ouverture de la séquence politique inscrivant la révolution nationaliste du peuple kanak dans une survie politique; 2/ 1999, la constitution d’une souveraineté partagée entre Kanaky et Nouvelle-Calédonie pour la survie sociale. 2011 : Lire ces discours est tout autant un acte esthétique pour en apprécier le style, un acte anthropologique pour en mesurer l’humanité, un acte politique pour comprendre la conversion des groupes mélanésiens en peuple national de Kanaky qu’un acte citoyen pour regarder l’histoire du présent dans le miroir du passé.