Meilleur roman 2016  décerné à Nicolas Vignoles pour César d’honneur Mar13

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Meilleur roman 2016 décerné à Nicolas Vignoles pour César d’honneur

Ce qu’en dit Nicole Isch : Soirée Arembo, 9 mars 17
Présentation de César d’honneur, Nicolas VIGNOLES
La France, à la fin du XXème siècle. Un goût d’amertume, pour ce cinéaste au parcours d’exception, choyé par la critique, mais blessé par une écharde permanente au fond du coeur.
Bouleversé, il se souvient du dernier regard de sa mère et de sa petite soeur, emportées dans un camp d’extermination vers les douches à gaz. Le père est absent, en sécurité aux côtés de sa maîtresse. Sauvé de la mort par son acharnement à nettoyer le camp de ses cadavres décharnés, l’adolescent de quatorze ans voit sa vie métamorphosée .
Il passera sa vie d’adulte à élaborer une stratégie de vengeance sadique, légitimée par la défense de la mémoire de sa mère et de sa soeur, ainsi que celle de tous les juifs déportés.
César d’honneur entraîne le lecteur aux confins d’une humanité malmenée et souffrante, où le protagoniste ressasse sa haine pour un père lâche qui n’a pas assumé sa judéité. Cette faute majeure du père sera répétée, ressassée et sanctionnée.
Ecrite de manière magistrale, non linéaire, cette fiction fondée sur l’Histoire martèle la blessure jamais guérie d’une enfance volée, d’une tragédie faisant irruption dans un ciel serein.
L’on saluera ce roman à plusieurs titres.
D’abord pour sa valeur documentaire, qui porte un regard neuf et du dedans sur la Shoah, ; pour son originalité qui le rattache au polar, par la soif inextinguible de la double vengeance ; pour sa parenté avec le roman psychologique, par l’analyse des ressorts psychiques qui poussent le fils à abattre le père et sa maîtresse.
Le titre César d’honneur semble nous rappeler ironiquement la vanité d’une carrière bien remplie, tandis que le coeur saigne ; mais en revisitant les concepts de Juif et de Juste, il bouscule les idées reçues et justifie la persécution, à rebours, d’une partie des responsables.
C’est pour le cinéaste, devenu vieux, un baroud d’honneur de fermer les yeux pour rejoindre sa mère et sa soeur, enfin vengées.
Ce livre, qui révolte, qui satisfait notre besoin de justice, pose bien sûr des questions d’éthique et des questions de responsabilité. Qui sont les vrais coupables ? La shoah en insufflant la haine chez les victimes ne continue-telle pas son oeuvre de sape ?
Nicole ISCH