La Sève bleue Causerie animée et rédigée par Véronique ARMAND-DEVAMBEZ Juil24

Tags

Related Posts

Share This

La Sève bleue Causerie animée et rédigée par Véronique ARMAND-DEVAMBEZ

La Sève bleue
Causerie animée et rédigée par Véronique ARMAND-DEVAMBEZ
Mercredi 19 juillet, à Calédolivres, Nicole Isch a échangé avec le public autour de La sève bleue son nouveau recueil de nouvelles. Elle m’a demandé d’en faire la présentation, tâche pour laquelle je me sens bien peu légitime. Si je suis une lectrice et que j’éprouve une véritable fascination pour ceux qui écrivent, je n’ai aucune formation en lettres. J’apporte donc un vécu de lectrice, des perceptions, des émotions, des interrogations.
La Sève bleue, recueil de 5 nouvelles, intrigue par son titre, plus qu’Histoires de la Tamoa, le recueil précédent. On y retrouve les préoccupations de Nicole pour les défavorisés qui parviennent cependant dans leurs difficultés à créer une organisation sociale, une harmonie de vie. La première nouvelle campe un décor très précis du squat, évoque sa violence mais aussi les solidarités et la résilience des personnages, illustrant le souci pour l’enfance chez Nicole, ses interrogations pour la société kanak mise à mal dans un contexte d’urbanisation et son optimisme viscéral. Les portraits y sont nombreux mais l’art de la nouvelle exige un traitement bref et le public partage l’envie d’un roman pour mieux connaître ces destins qui se rencontrent un peu rapidement au goût de certains dans la nouvelle. La deuxième nouvelle est dans la même veine, la réalisation d’un destin débuté par un abandon près d’une rivière. Si les écrits de Nicole présentent avec beaucoup de justesse des descriptions de paysages calédoniens, les références mythologiques y sont nombreuses, empreintes de la professeure de lettres. La troisième nouvelle nous mène sur le rivage de Païta et commence à nous transporter dans un univers moins réel avec la tête de Saint Christophe. Les deux dernières sont un mélange des genres, fantastique, autobiographique sur des décors réels, la Rivière bleue, le snack vietnamien et nous amènent à nous interroger tantôt sur les rapports humains, la soif de puissance, la quête du surhomme ou celle de l’écrivain qui finit par rencontrer son héros, réalité et fiction s’entremêlant.
Nicole nous a présenté très simplement sa nécessité d’écrire comme une libération, une aide à assumer un quotidien parfois difficile. Elle nous a parlé de son imagination sans cesse en action, se nourrissant de la réalité, tel personnage, tel lieu, telle réalité sociale, des carnets qu’elle remplit laissant peu à peu le récit se construire avant de passer devant son écran et d’associer les morceaux notés pour en faire une nouvelle. Elle nous a dit sa passion pour la nature et son besoin de camper ses personnages dans des décors de verdure. Il y a d’ailleurs eu un échange avec B. Suprin qui a décrit l’arbre qui donne la sève, son exceptionnelle performance à absorber le nickel et les projets fous d’exploitation commerciale de l’espèce, rejoignant alors la nouvelle.
Ce nouveau recueil est aussi apparu plus ancré dans la Calédonie et un peu plus sombre que le précédent et à une question sur ses sources d’inspiration, Nicole a confirmé l’importance de la Calédonie à laquelle elle est profondément attachée, a indiqué la curiosité que suscite par exemple sa nature, a expliqué sa profonde empathie pour les hommes qui y vivent mais a aussi redit ses influences plurielles et tout particulière ment celle de ses origines antillaises.
Ce soir-là un personnage de la dernière nouvelle était présent, ravi que Nicole l’aie immortalisé dans son écrit. Ils se sont dit la joie de s’être connus et d’avoir échangé. J. Van Maï a relaté le contexte qui l’avait poussé à écrire Chan Dang, un besoin de mémoire qui s’est fait avec un réel courage, à un moment où il n’était pas correct de dire la vérité et de relater une histoire cruelle. Un moment fort empreint d’émotion.
Nicole, toujours discrète, m’a vraiment émue par sa façon très simple de dire son besoin d’écrire et donner à lire pour mieux s’interroger sur l’autre et être capable de le comprendre et de l’accepter.