Dictée de la francophonie à Païta Juil03

Tags

Related Posts

Share This

Dictée de la francophonie à Païta

Dictée de la francophonie à la médiathèque de Païta

Samedi 3 juillet une dizaine de candidats de tous âges se sont attelés à la dictée, sous la houlette de Cannelle. La longueur de la dictée, le courage de se dépasser, le défi de se remémorer les règles d’orthographe et de syntaxe étaient autant de gageures. Les candidats ont choisi de rédiger la version longue, celle de Claudine Jacques. Cinq prix ont été remis sous forme de livres, choisis par Manuella, Sella et EEO. Les deux meilleures copies sont celles d’André Martin et de Fabienne Deseez ; un prix d’encouragement spécial adolescent a aussi été attribué.
La demande unanime de se soumettre à une dictée mensuelle a été formulée ; gageons en tout cas que ces candidats reviendront pour la prochaine dictée de la francophonie !

Les 10 mots de la francophonie 2021 :
aile, allure, buller, chambre à air, décoller, éolien, foehn, fragrance, insuffler, vaporeux

Une île qui marche (Beti-co) Adultes, Claudine JACQUES
La lèpre avait frappé l’île, elle était partout.
Il nous faut, annonça le grand Chef, d’une voix paisible mais déterminée, construire une île qui marche et qui nous emporte loin d’ici. Nulle autre échappatoire à notre départ.
Il sut insuffler à ses sujets assez de force et de courage, d’envie aussi, pour qu’ils décident de se mettre sans tarder à l’ouvrage, hommes ahanant sous l’effort, ne comptant pas leur peine, l’œil délavé, déjà porté vers d’autres cieux, le cœur exalté. Des jours durant, chantant et suant, ils coupèrent arbres et arbustes, creusèrent des troncs, et construisirent une vaste pirogue effilée comme un couteau, s’élargissant ensuite pour accueillir des ailes de palmes entrelacées et de tapas qui se déploieraient au vent et les conduiraient à l’aventure puis à la conquête. La pirogue aurait fière allure, elle décollerait des flots, comme un robuste oiseau de mer ou avancerait tranquille, à la force des rames, lors des calmes plats.
C’est ainsi qu’ils imaginèrent leur île marcher sur l’eau.
Les femmes, de leur côté, tressèrent une voûte aussi confortable qu’un panier et des nattes pour leur repos. Toute la tribu pourrait y prendre place avec les ignames rangées autour et les cochons et les poules dans des paillotes closes.
On ornerait les flancs de coquillages sacrés, de conques suspendues, et de tabous pour éloigner le mauvais sort, on tracerait aussi des signes hiéroglyphiques sur les pierres immobiles du rivage afin de laisser témoignage, qu’un jour, en ce lieu, une pirogue fut construite, un clan s’en alla.
Alors, le grand voyage éolien pourrait commencer.
Ce ne serait pas un foehn étranger ni le zéphyr vivifiant, qui les assisterait tout au long du périple, mais un alizé qu’ils rêvaient empli des fragrances vaporeuses, effluves de frangipaniers soyeux, âpres relents de mousses et fougères, suaves exhalaisons d’orchidées sauvages et parfums entêtants de magnolias.
Il fallait se hâter, si le vent bullait en cette période calme, le temps viendrait bientôt où les chambres à air se gonfleraient, où les touques résonneraient, où l’aigle totem traverserait le ciel, tel un phénix aimanté par les feux or et incarnat du couchant. Son piaulement réveillerait l’écho de l’île, sorte de bénédiction exacerbée qu’ils sentiraient vibrer en eux. Un temps de fraternelles agapes et de pleurs célèbrerait en cet instant inoubliable, l’adieu à la terre natale.

Premier vol (jeunes), Nicole ISCH
Le deltaplane filait à vive allure dans l’espace éolien avec le moniteur et un néophyte enchanté. Il avait décollé dans le foehn propice aux grandes envolées, sur un plateau abrupt, au bord d’un champ vaporeux aux fragrances de lavande. Le vent insufflait une vive cadence aux ailes et fouettait les visages.
L’incident de la chambre à air était vite oublié, il s’agissait maintenant de buller au-dessus du paysage quadrillé de jaune et de violet.  C’était une expérience où le plaisir de la découverte se mâtinait d’excitation et de détente.