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Texte d’étude : Michel Chevrier, « Ivre », p.15 in Sillages d’Océanie, Ecrire en Océanie, 2014 par Nicole Chardon-Isch


Niveau : lycée
Thèmes : mer, onirisme, ivresse, allégorie
Objectifs :
– faire découvrir la poésie lyrique, la description
– montrer la transfiguration du paysage et du monde par l’ivresse

Exploration :
1. Etudiez la situation d’énonciation du poème
2. Le vers libre : en quoi s’agit-il de vers inspirés des haïkus japonais ?
3. Faites un commentaire composé de ce poème selon trois axes :
– l’art de l’apostrophe (pronoms, dialogues, exhortations, clins-d’oeil et dialogue avec le lecteur, questions)
– la perception du poète, tous sens dehors (déploiement sensoriel, ombres et lumières, palette paysagère du littoral)
– Ivresse réelle, enthousiasme d’esthète (interprétation, ressentis, vision personnelle)

Enseigner la poésie :
La poésie est élitiste ? Elle est réputée difficile à enseigner et à interpréter ? Traditionnellement associée à la récitation, la poésie aujourd’hui s’enseigne et fait fondre les réticences ; l’analyse n’étouffe pas les ressentis émotionnels, la notion de plaisir et l’esthétique du texte, offrant en outre des clefs pour la création. C’est ainsi que fleurissent les ateliers poétiques, les concours de poésie, les salons de la poésie… L’on permet ainsi à l’élève d’étudier le poème sans le gâcher et d’y trouver à son tour source d’inspiration créatrice.
Parmi les modèles offerts, audacieuse, innovante, la poésie de Michel Chevrier se donne à lire dans un espace poétique contemporain novateur.
Eléments biographiques
« Quand on l’interroge sur sa propre vie, Michel Chevrier a l’œil qui pétille. En guise de réponse, le journaliste en herbe n’aura droit qu’à un demi-sourire. Si l’on insiste, le poète, qui sait conjuguer candeur et verdeur, vous lance alors : « Qu’est-ce qu’une vie, sinon un tissu de non-événements montés en épingle par un petit je en mal de reconnaissance. Porter un regard sur soi, autant regarder derrière son épaule pour essayer de voir son cul ! »
Né en 1937, ce bas-normand est « vacciné au travail, jusqu’au vice ». Humanités au lycée d’Argentan. Faculté de sciences à Clermont-Ferrand. Des horizons s’ouvrent.
Malgré la guerre d’Algérie ou peut-être à cause d’elle, il y aura au-delà du bocage et du « petit-Jésus-qui-sait-tout-ce-que-tu-fais », maints pays traversés et des rencontres inoubliables au pied du Tassili ou au fin fond de la Chine.
L’Ailleurs comme destination depuis l’enfance : l’oasis de Ghardaïa au Sahara, le lagon de Raïatea aux Îles-sous-le-Vent, et cette colline de Val-Plaisance où cet ancien enseignant de mathématiques écrit, bricole, jardine, sculpte bois et corail, pierre et poèmes. Il aurait pu être « chauffeur de tombeau ouvert, canoniseur de saintes nitouches, décorateur pour nuits blanches, restaurateur de cheveux coupés en quatre, désamorceur de grises mines… ». Il est aujourd’hui professeur de yoga et de méditation zen à Nouméa.
Michel Chevrier a publié trois recueils de poèmes aux éditions L’Herbier de Feu : Chroniques du Temps à Raïatea (Prix Orphée 1992), Contre-Expertise du Vide (2001) et Dead can dance (2005). »
Eléments pour le commentaire
– Structure et contenu : Dans le cadre d’une étude sur la forme des vers, on a là des poèmes utilisant divers procédés : vers courts, interprétation du haïku ; le schéma est libre et atypique, non sans signifiance : 15 strophes
– Permanence de la nature ; champ lexical maritime et extérieur abondant (lagon, eau, étoiles, sable, ciel, îlot, feuillage)
– Aspiration à la liberté (ivresse, fantasmes, interprétation allégorique du paysage)
– Invitation à voir au-delà du réel ; l’ivresse devient vecteur poétique et métamorphose le paysage en une création onirique.
Prolongements
– On pourra associer l’étude de ce poème du recueil à un groupement de textes dans Oxymore, ou sillage vers l’étale , du même auteur, concernant l’observation apaisée de scènes de la nature : incantation, comme une conjuration contre la mort et l’absurde par l’espoir, le ravalement des larmes, le lâcher prise face aux agressions de la vie ; réflexion tranquille sur l’existence et la mort ; adepte du zen qu’il pratique ; ataraxie pour passer entre les gouttes ; efforts pour supporter l’existence et ses miasmes ; leçon d’humilité, charis ; stoïcisme apaisé : attend la mort d’humeur égale comme une fin inéluctable et indifférente ; l’absence de trouble de l’âme garantit le bonheur.

– L’atelier poésie
Incitation à la lecture et à l’écriture mais aussi à d’autres formes d’expression, l’atelier peut faire émerger des capacités chez les jeunes scripteurs ; l’association de la poésie et de l’image est particulièrement porteuse.
– création d’un recueil d’images, de photos et de textes poétiques
– livret de poésie aux formes diverses
– poésie à lire et à dire de manière théâtrale