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Mort de JJ Restoux, Pierre Humbert en parle…

Mort d’un pauvre
10 avril 2012
Pour une fois, la mort d’un misérable fait la une de la presse parisienne, avec photo de l’homme et presque du respect . Des pipeules, en mal de célébrité, ou peut-être, allez savoir, par compassion, vont se faire photographier en assistant à ses obsèques. Cela va lui faire le plus grand bien, et il rejoindra les chasses éternelles des trappeurs du trottoir avec l’âme en paix. Bon, d’accord, il eût peut-être mieux valu lui donner un coup de main avant, mais ça n’aurait pas eu d’écho dans le microcosme, et n’aurait donc pas été utile. Mais qu’a-t-il donc fait, ce pauvre-là, pour tant attirer l’attention de ces gens-là ? Tout d’abord, il a fait preuve d’un sens commercial aigu en se livrant avec assiduité à son négoce entre le Café de Flore et les Deux-Magots à Saint Germain des Prés, lieux bien pourvus en fréquentation éléganto-pipeulo-politico germanopratine (*) voire exotique . Il faut tout de même préciser que cette attention n’est pas née d’une grandeur d’âme éventuelle des habitants du quartier, qui ne sont ni meilleurs ni pires qu’ailleurs. C’est sa candidature à la mairie du 6ème, quartier  » qui compte » dans la genetri (*) de la capitale il y a quelques années, qui avait eu un petit retentissement, puisqu’il avait obtenu 4 % des suffrages. Bien des candidats impétrants à résider dans un autre quartier chic envieraient ce score. Je ne vous ai pas connu, vous qui résidiez chez Emmaüs mais êtes qualifié du titre de Sans Domicile Fixe, histoire de hausser ceux qui parlent de vous, je vous souhaite néanmoins un bon séjour là où vous êtes maintenant, ce lieu qu’on dit celui des élus .
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(*) germanopratin: adj et n. (lat. germanus « qui est du même sang »). Désigne ceux qui ont la chance d’habiter le lieu dit « Saint-Germain-des-Prés » …
(*) il y a des gens qui écrivent gentry, mais ils en ont le droit : le franglo-grand breton n’étant pas une langue, on peut l’écrire comme on veut…

« Jean-Marc Restoux, l’ancien SDF de Saint-Germain des Prés devenu célèbre pour avoir posé sa candidature aux dernières élections municipales, est décédé mercredi à l’âge de 58 ans, annonce lundi Le Parisien.

Front barré par une longue mèche blanche, barbe hirsute, veste élimée, Jean-Marc Restoux est resté plus d’un quart de siècle à faire la manche sur son bout de trottoir, près d’un kiosque à journaux, entre le café de Flore et la brasserie des Deux Magots, boulevard Saint-Germain. Depuis plusieurs années, il n’était plus sans logis. Il habitait une résidence sociale rue de Buci, chez Emmaüs. Selon Le Parisien, il est mort des suites d’une maladie.

Aux municipales de 2008, il s’était présenté dans le 6e arrondissement et avait recueilli 577 voix, soit près de 4% des suffrages, écrit le quotidien. Cette figure bien connue du quartier germanopratin avait reçu à l’époque le soutien très médiatique de l’écrivain Frédéric Beigbeder. Son slogan, c’était « un autre son de cloche ». »