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Morale de Pierre Humbert

Morale

Il y a quelques semaines d’années, quand j’usais mes fonds de culotte sur les vieux bancs de la vieille école de mon village, chaque matin que Dieu et le calendrier scolaire faisaient, la Maîtresse, qui avait atteint ce que j’ai su plus tard être un âge canonique, inscrivait au tableau, d’une belle écriture ronde, avec les majuscules bien tarabiscotées dont elle avait le secret, une petite phrase du type : « Respecter ses parents est la base de la civilisation » .
Et, pendant un petit quart d’heure, elle exigeait de quelques uns d’entre nous d’expliquer ce qu’ils comprenaient de cette maxime.
De temps à autre, elle nous parlait du Maire, du Député, de la République. Nous avions ainsi acquis quelques principes élémentaires que, bien entendu, puisque nous avions la chance d’être des gamines et des gamins, nous nous empressions d’oublier.
Néanmoins et constance « maîtressienne » en plus, il en est resté quelque chose. Tant et si bien que, en nos temps mécréants, nous sommes, nous autres vieux gamins, un tantinet étonnés que le retour de ces enseignements pour le moins évidemment nécessaires soulèvent autant d’objections, tant de la part des enseignants que des parents et de ce qu’on nomme bêtement la société civile.
Comme si les quelques soldats et les innombrables généraux qui restent en nos armées ne faisaient pas partie de ladite société.
On parle maintenant de morale laïque. Si je me souviens bien , ma chère vieille Maîtresse était une éminente émanation des Hussards de la République.
Vous vous souvenez, ces Maîtres d’école tout de noir vêtus, stricts, raides et imbus de l’importance de leur mission dont la seule vraie fierté était de retrouver un de leurs élèves reçu 1er du Canton au « Certif » !
Personne ne peut, à faute de flagrante mauvaise foi, taxer ces femmes et ces hommes de cléricalisme. Je ne sais plus à quelle date cette sacrée morale n’a plus été enseignée dans les écoles élémentaires.
Au risque d’être taxé de ringard, voire pour les « franglistes » évaporés de nos temps incertains, de « out » « has been » « kitsch » ou autre onomatopée péjorative saugrenue, je maintiens que cet enseignement avait une autre valeur, d’autres résultats que les méthodes globales de lecture et les mathématiques modernes grâce auxquelles 2 et 2 ne faisaient plus 4 mais Dieu seul sait quel résultat en fonction des « bases » utilisées dans les calculs.
Et les gosses qui quittaient l’école maternelle pour entrer fièrement à la Grande école, savaient les bases élémentaires de la lecture de l’écriture et du calcul. Et, quand ils rencontraient dans la rue leur Maître ou leur Maîtresse, le Maire ou le Gendarme , ils les saluaient poliment.
Et ces importants personnages répondaient tout aussi poliment à leurs salut. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Je n’ai aucune qualité pour dire ou proposer des solutions aux problèmes de l’école, de l’éducation, de la morale et de la vie sociale.
C’est seulement mon avis de citoyen qui voudrait bien vivre dans une société libre, égale et fraternelle. En tous cas, il me semble qu’un tout petit peu de ce bon vieux bon sens insufflé aux penseurs « dirigeurs » et « enseigneurs » de tout poil aurait un effet bénéfique.
Quand je dis « dirigeurs » et « enseigneurs » je m’adresse à ceux qui exercent les nobles fonctions de dirigeants et d’enseignants avec seulement un souci de carrière, de pouvoir, voire de rentabilité.
Les autres, les bons, ceux qui font leur boulot en vrais professionnels, de tout bord et de toute obédience qu’ils soient, savent bien qu’ils ne sont pas visés.