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La coquille… de Pierre Humbert

Coquille

Ce mot, désignant, entre autres, une faute typographique, un manquement aux règles d’un art, vient du grec konkhulion d’où est également issu le mot conchyliculture, signifiant entre autres élevage de moules. Ces dernières sont, comme chacun sait, des mollusques, dont le très érudit Gaston BACHELARD (*), qui s’y connaissait, disait qu’ils construisaient leurs coquilles en suivant les leçons de la géométrie transcendante.
On pourrait donc, par philosophisme, dire que la coquille est transcendantale. Elle serait alors le résultat de l’impossibilité dans laquelle son auteur se trouve d’atteindre la connaissance, cette dernière étant hors de portée de son entendement. En l’occurrence, comme l’aurait peut être pu dire Nicolas ( Boileau, pas le petit ) si ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, l’énoncé erroné de cette conception en établit l’incompréhension.
Il faut cependant, et surtout, ne pas oublier que l’infaillibilité, n’étant pas humaine, n’est l’apanage ni de l’auteur ni du copiste. Une rectification accompagnée d’une demande d’excuse devrait suffire à rendre au lecteur ce qui appartient à l’auteur..
Mais si le diable s’en mêle, et que la coquille devient récurrente, on finira inéluctablement par supposer, voire soupçonner, une volonté délibérée de déformer les propos, et dès lors par entrer dans le débat interminable et insoluble de la liberté d’expression, et entrer incontinent dans le royaume d’Anastasie ..
Big Brother, parodiant, subtile astuce, le génial Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, pourrait alors sans crainte, ni, bien entendu, contradiction, appliquer au monde décadent sa conception des médias : dès l’instant qu’on n’écrit ni ne dit rien sur rien, on est libre de s’exprimer.
Quod erat demonstrandum auraient ajouté en rigolant les vieux latins.

Pierre Humbert