Tags

Related Posts

Share This

Au gui l’an neuf ! de Pierre Humbert

Le voici venu, ce joli temps des souhaits sincères ( ou presque), des justes ( ou presque) bilans, des bisous plus ou moins enflammés sous une branche de gui, ou dans une encoignure de porte ou sur des cartons-couchettes, sous un pont.
Hier soir, alors qu’un coucher de soleil flamboyait sur les collines de l’autre côté de la Baie, nous étions en conférence hebdomadaire, le héron, la mouette et moi, sur le ponton.
De temps à autre l’une ou l’autre s’envolait pour aller picorer un petit poisson, et je mâchouillais en cachette quelque indéfinissable sucrerie.
Je ne sais plus lequel d’entre nous a murmuré, en admirant le rayon vert ( vous savez, celui qui n’est visible que par les gens de bonne volonté… ):
« Et si c’était la bonne? »
Depuis le temps que nous profitons sans vergogne de notre ménage à trois, plus ne nous est besoin d’explication, chacune et chacun ayant les mêmes idées plus ou moins saugrenues au plus ou moins même moment.
Ainsi, j’ai su que le héron espère pour l’année qui vient un peu moins de béton sur le littoral et de déchets divers dans la mangrove où il nourrit sa famille, un peu plus de respect de chacun pour tous et de tous pour chacun, et la prolifération des pisquettes qui font son régal.
La mouette, elle, est certaine que peu de chose changeront, que peu (très peu) de promesses seront tenues, et qu’elle continuera de rigoler en regardant ces pauvres humains essayer de se dépatouiller des embrouilles dans lesquelles ils se sont bêtement humainement fourrés.
Pour ma part, et mes commensaux ne vous diront pas le contraire, j’espère pour la kyrielle de mois qui s’annoncent, les mêmes choses que je souhaitais l’an dernier et ceux d’avant, avec en plus, pour cette année électoralement importante, du bon sens et un choix judicieux, qui permettra à notre vieux pays d’aller vers des horizons correspondant enfin à sa devise.
Pour de vrai, disions-nous lors de nos dix ans…
Notre trio ne se fait pas trop d’illusion quand même sur ce point, car quelqu’un a dit un jour que les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent, ce qui ne laisse pas d’inquiéter les sociologues de tout poil qui les connaissent si bien.
Néanmoins et indécrottable optimisme en plus, il est sûr que nous allons voir plus de nous, moins de je, que nous irons vers plus d’amour et moins d’argent, vers moins de travail sans salaire et de salaires sans emploi, plus de commisération et moins de misère, plus de sourires et moins de grimaces, plus de sincérité et moins d’égocentrisme, plus de saine indignation et moins de répressions sauvages, moins de ceci, plus de cela, chacun d’entre nous ayant ses préférences.
Les Dieux, c’est certain, s’étant aperçus qu’ils les avaient négligées depuis bien longtemps, viendront enfin s’occuper de leurs créations.
Cette année sera la 125ème de l’Espéranto, organe de paix et de citoyenneté mondiale, qui devrait aider l’humanité à faire nouveau petit pas vers l’Humanité.
Je n’ai pas demandé pour 2012 l’éradication des cons.
En effet, j’ai enfin compris que les conditions requises ne sont pas encore réunies, et donc que demain n’en est pas encore la veille…
C’est dans cette verte espérance que nous, privilégiés occupants du ponton, vous souhaitons à toutes et tous l’accomplissement de vos vœux, et, comme il est de circonstance, mais avec grand plaisir,
Bonne année et Bonne santé .