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« Vous blessez pas ! » de Laurent Ottogalli

Otto journal

Avec « Vous blessez pas ! », petit recueil d’aphorismes, l’intarissable Laurent Ottogalli nous offre quelques pensées qui ne sont pas forcément des fleurs. Qu’on les observe des prés ou de loin. Délire à lire…

On imagine aisément que Laurent Ottogalli, otto-psyeur de mots allongés, crucifieur de mots croisés, slameur qui rime plus vite que son ombre et que bon nombre d’entre nous, a toujours des lettres qui s’enchevêtrent dans la tête et dans les épis qu’il a dessus (des épithètes ?). Ses synapses s’enlacent, ses neurones déconnent et sa matière crise, c’est pourquoi il assemble des mots comme bon lui semble, les concasse façon cocasse et les enfile sur le fil pas rasoir de son delirium pas mince, quoique enivrant. Bref, son cerveau phosphore, potasse, souffre aussi lorsqu’il s’essaie aux vers pour écrire des tubes. Des tubes à essais qu’il a bien voulu nous CD et livrés, déjà par deux fois : « Tout slam est égal » en 2009 et « Otto-psy » en 2010.
Son esprit est un chaudron où ça bouillonne, ça brouillonne et il y a fatalement des retombées, des gouttelettes expulsées qu’il recueille avant évaporation. Comme qui dirait des vers « incasables », tombés à terre sans faire d’éclats, sauf de rire. Laurent les a donc consignés dans un journal « Otto-édité » afin de les recycler en bon éco-Lolo.

Lolo pour lèse-intime
Cela a abouti à ce « pot-pour-rire » des éditions « Galli s’marre » (sic) dont la couverture crème est dotée d’un fin liseré rouge. Otto-gaffe signée ? Que nenni, plutôt une blague à Gaston. Vous blessez pas ! Tous les lecteurs y trouveront leur conte, y aspireront une ligne pour se détendre, se prélasseront sur une page au soleil. Dans ce florilège d’ego-ttogalli, les maximes arrivent décousues, fusent de toutes parts, mais là où il y a de l’hétérogène, y a du plaisir.
Signalons quelques-uns de ses sujets de prédilection (les favoris pour se poiler) : les travers de ses congénères que les cons génèrent généreusement, ses propres travers, ses sales manies (c’est Lolo pour lèse-intime), les femmes (il est tout contre manière Guitry), le neuf pour faire du vieux ou du neuf à la huit coqs (en italien dans le texte) ainsi que l’actualité locale et internationale, sources inépuisables pour apporter de l’eau à ce moulin à paroles. La palme revient au festival de Kahn où sa plume acide nous vaut quelques saillies… foutrement bien branlées ! Tout un rayon d’humour noir et de rire jaune pour Fukushima, mais, encore une fois, ne vous blessez pas !
Le rire est le propre de l’homme et Laurent Ottogalli ne l’utilise jamais salement. Peut-on sourire de tout ? Oui, lorsque finesse et distanciation sont clairement annoncées dans le titre même de l’ouvrage. De toute façon, à l’instar de votre serviteur, il ne peut s’en empêcher : chassez le naturel, il revient à l’Otto-galop ! Il n’est pas question, ici, de faire dans la citation, ce serait vous faire trop de cadeaux. À propos, cet opuscule en est une bonne idée. De cadeau !

Rolross