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« Otto-psy »

L’Otto gagnant

Laurent Ottogalli persiste en signant une deuxième galette de roi du jeu de mot. « Otto-psy » est plus noir, plus ouvert sur les maux des autres, tout en gardant la dérision qui déride. Avec ses nouveaux textes, le slameur entre dans la cour des grands. C’est un cas Lolo…

Si Raymond Devos vivait encore, nul doute qu’il adouberait Laurent Ottogalli car ce dernier est, comme son illustre prédécesseur, un décorti-cœur de mots, un scieur de syllabes, un ras-sampleur de phonèmes et un spculateur avisé sur la richesse des rimes. Après « Tout slam est égal », son premier opus toujours sur le marché (aux puces ?), ce deuxième CD regroupe dix-sept textes aux pieds ciselés, toujours accompagnés par la musique complice, une illustration dont s’honore Alain Eschenbrenner. Dix-huit en comptant les deux lignes du court et percutant « Patrimoine mondial » en ouverture. Deux lignes que nous n’hésitons pas à citer, tant elle résume le propos de l’auteur : « Le patrimoine de l’Humanité… Moi, j’préférerais qu’on inscrive l’humanité au Patrimoine mondial… ». En couverture du livret, fort bien réalisé et illustré, se détache le portrait du joueur de maux entre ombre et lumière, alors que quelques flaques rouges éclaboussent en arrière-plan. On ne peut être plus clair (ou plus sombre) quant au contenu qui pourfend le barbare, le connard, le canon, l’homme de main et de demain inhumain. Si le registre est grave, il met des coups de pied dans l’aigu de tous ceux le méritent et qui l’irritent.

Sous les tarés, la plage !
Le premier texte faut écho aux deux lignes d’introduction précitées en parlant de la patrie des moines, la Birmanie devenant « La pire manie » en perdant une lettre de noblesse, c’est le moins qu’on puisse dire. La plume au bec acéré fait l’Ottopsie de ce pays dévasté par la bêtise et le profit. La Bi…rmanie ne fait pas le moine, elle le détruit, sans rire et sans riz. Saint L.O. a plus d’une tournure dans sa Manche pour ne pas nous soustraire aux opérations militaires, à la multiplication des pains dans la gueule, aux divisions porteuses de mort. L’addition étant toujours payée par les mêmes… et ce, dès le plus jeune âge car quand (carcan) l’ecclésiastique grimpe en chair, le Père Noël est une ordure. Le rire grince avec pertinence enc…ore avec les trois lettres Z, K, W du « Destin commun ». Ce destin qu’il faut regarder en face lorsque le crabe, pas mou, frappe en toutes saisons, vous prend à la gorge et vous enlève le père, gardien des repères. Le rayon de soleil pâlit devant le rayon ionisant. Rassurez-vous, dans ce disque, il n’y a pas que des gnons, des pains sans rires. Pour preuve, les pollueurs du dimanche à gros véhicules, ceux qui maculent en prennent pour leur matricule – sous les tarés, la plage ! On vous conseille aussi l’hilarant « Lavez Maria », déclaration d’amour ancillaire qui essore de l’ordinaire. On connaissait l’âme slave, voici que le slam lave avec l’Ottoclave. Plus sérieux, on retrouvera, également, le magnifique texte écrit lors du tremblement de terre haïtien et lu à la Maison du livre lors de la publication à L’Herbier de Feu de « Magnitude 7 » et dont il est un beau fleuron. La Maison du livre auquel L.O. rend hommage dans le délicieux « Je parle comme un livre ». On est dans l’ivresse livresque, celle qui fait vivre, celle qui délivre. Achetez donc ce ticket de l’Otto, c’est le numéro deux et il est gagnant.

Ottolross