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« Les arbres et les rochers se partagent la montagne » de Nicolas Kurtovitch

Montagne et la poésie

Publié aux éditions Vents d’ailleurs, le nouveau recueil de poésie de Nicolas Kurtovitch, « Les arbres et les rochers se partagent la montagne », regroupe toutes ses préoccupations. Découverte de lieux, taoïsme et voyage.
Nicolas 2010 : mots tissés de l’espace…

En même temps que le recueil de Denis Pourawa, Gilles Colleu de la maison d’éditions Vents d’ailleurs publie celui de Nicolas Kurtovitch. Une activité intense et calédonienne avec ces deux enfants, nés de ses participations aux deux derniers SILO (Salon international du livre océanien) à Poindimié. Des liens forts se tissent, donc, avec cet exigeant et sympathique éditeur de Métropole. Rappelons qu’il est aussi à la base de la publication de « La fleur de Guernica » de James Noël et Pascale Monnin dont nous avons récemment parlé dans ces colonnes. Si le joli titre de l’ouvrage vous paraît sibyllin, sachez qu’il reprend un vers de Tchouang Tseu dont le poète calédonien admire particulièrement la sagesse. Pour l’auteur, écrire de la poésie n’est pas une finalité, c’est plutôt le cheminement menant à l’écriture qui compte. Une démarche personnelle le faisant entrer dans une énergie pour se connecter avec le monde. Une connaissance réciproque des autres et de soi-même. Lire un poème, c’est aussi effectuer un parcours, semblable ou différent de celui du poète qui aime à préciser : « Tout ce je fais est ce que je suis ».

Se mettre au vers
Depuis ses premières lignes écrites, Nicolas Kurtovitch aime mettre des mots en écho avec son environnement. Il aime sentir l’espace, les gens qui y évoluent ainsi que les mouvements qui l’habitent. Une fois le lieu investi, les mots arrivent et l’écriture – le premier jet – est immédiat sur le site. Il n’y a qu’à se remémorer son ouvrage sur Uluru (augmenté d’un état des lieux photographique) où sa prose voyageuse s’imprègne du grand roc aborigène, cathédrale posée sur le désert l’Australie centrale. Ou encore, ses poèmes issus du beau livre « Le piéton du Dharma » nous promenant sur différents continents avec toujours la montagne matrice, sommet à atteindre pour une connaissance sans cesse fuyante. Lorsque Nicolas, l’arpenteur planétaire, se met au vert, c’est montagne et la poésie. « La possibilité d’être avec simplicité, homme en marche sans territoire, enfin habiter le monde ». L’homme (Kanak) façonné par sa terre, « figurine debout » se dresse sur la place du Mwaka. Eau, air, feu pour dessiner l’image d’une vie simple et riche dominée par la chaîne – une existence contemplative entourée d’amis, de chants et de musique. Neho, Boanavio, Wakone, Doubtfull Sound, lieux telluriques et aquatiques inspirateurs, rencontrent aussi l’urbanité, mise au ver(t)s. La résidence d’écriture néo-zélandaise le promène à pas mesurés dans la ville de Katherine Mansfield, une Wellington bucolique – à la montagne préservée – malgré « l’importance de la ville ». La ville qui parfois emprisonne, même au bord de l’océan. Amalgamant les souvenirs d’un déshérité, un long poème, dédié aux exclus de toujours, à ceux qui ne trouvent pas leur place dans le moule esclavagiste d’un travail pénible et sous-payé, trouve les mots justes pour décrire en courtes strophes le rêve d’un bonheur enfui qui fait mal, au milieu du cauchemar urbain. Une nouvelle ode aux pauvres, aux laissés pour compte, aux victimes sempiternelles pour qui « les lois véritables qui interdisent les bas salaires n’existent pas ». La poésie est aussi un combat social contre les montagnes de l’injustice…

Rolross