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« La Montagne de la Vérité » d’Alexandre Rosada

Pente et isthme
Publié aux éditions Amalthée, « La Montagne de la Vérité » d’Alexandre Rosada est un conte philosophique, empreint de mysticisme. Recherche de soi, richesse intérieure et difficultés pour y parvenir constituent les balises de ce chemin initiatique. Fable panthéiste…

Bien connu des Calédoniens, Alexandre Rosada est un journaliste qui aime beaucoup la culture et l’écrit en particulier. Il était donc normal pour ce grand liseur de troquer le micro pour le stylo. L’an dernier, il avait publié sous la forme d’un entretien : « Edmond Chartier, Déporté résistant – Matricule 22873 », également aux éditions Amalthée. Dans cet échange indubitablement émouvant au vu du sujet, un parcours atypique avec force morale chevillée au corps se déroulait déjà au fil des pages. Les réponses d’Edmond Chartier faisaient apparaître non seulement le courage physique, alliée à la chance, mais aussi une spiritualité et un mental d’acier pour sortir de l’enfer concentrationnaire nazi. Alexandre Rosada croit lui aussi dans ses forces internes comme externes et cette fiction, présentée comme une succession de « contes », puise dans une contemplation avoisinant le divin. Dès la photographie de couverture (due à l’auteur), le ton est donné : une forêt du pays, reconnaissable par ses plantes endémiques, où alternent ombre et lumière, les lettres du titre se teintant de la couleur de l’espérance.

Le sens et l’essence de la vie

À l’intérieur, une soixantaine de pages, divisées en dix courts chapitres afin de retracer le parcours initiatique de Sandra, une jeune urbaine « n’ayant pas trouvé de sens à sa vie ». Contactée dans le cœur sordide de Nouméa par un ange aux ailes d’aigle, elle va partir escalader la fameuse Montagne pour trouver Sa Vérité. Comme dans toute quête, les rencontres symboliques se succèdent : un gardien orageux, un serpent maître du temps, la Mort en personne, un génie mâle à la langue acérée, un guerrier, des lutins, l’esprit d’un banian, un hibou médium et un maître du soleil. Il y aura des épreuves dans cette progression onirique, de la peur, des doutes car « la révélation ne s’acquiert pas dans la facilité ». Vous l’aurez compris, pour accéder à la Vérité de la Montagne, les cavernes sont mystérieuses, les goulets angoissants, la pente très raide et le chemin étroit comme un isthme. Pente et isthme en pleine nature pour une révélation où « il suffit de croire et non point de comprendre », où « l’impatient vit dans l’obscurité » et où le cœur, siège de l’amour, prime sur tout.
Le style est sobre, les phrases pour décrire la nature sont évocatrices sans être alambiquées, les aphorismes abondent ainsi que les dialogues de paraboles. Quelques dessins naïfs comme le sont ceux des enfants ou des innocents illustrent laborieusement certains passages. Tout cela fera sourire les mécréants nombreux et renforcera la foi de ceux, en décroissance, qui admettent la nécessité d’un royaume divin. Un texte profondément chrétien qui détonne dans la production locale, mais qui prône des valeurs qu’il serait bon d’appliquer dans le futur en construction. Si les hommes politiques veulent bien aller dans le même sens, tous les espoirs sont permis. Cependant, ils nous ont tellement habitués à tomber dans le puits du mensonge que ce sommet prend des allures d’inaccessibilité. Au final, une curiosité tout à fait inclassable !

Rolross