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« La marchande de fessée », un conte de Sylvain Lorgnier, illustré par Fly

Histoire fesse-tive

Lauréats de l’aide à l’édition 2009 de la Province sud, l’association des Enfants Migrateurs publient « La marchande de fessée », un conte de Sylvain Lorgnier, illustré par Fly. Une adaptation, cousue main et réussie, de leur spectacle portant le même titre. Gare aux mains qui traînent…

Passer de l’oral à l’écrit n’est pas si simple car, dans cette épreuve, le conte doit s’adjoindre l’image qui dressera le paysage, donnera la tonalité de l’ambiance et, comme au cinéma, mettra en avant le personnage important, tout en privilégiant l’arrière-plan où une péripétie importante se déroule. Collant à l’action du conteur, le dessin de Fly est ici déployé dans dix-huit grands écrins (une double page/écran) pour entourer le texte cocasse et poétique de Sylvain Lorgnier. Le trait allie à la fois le réalisme (des vues nouméennes revisitées), le décor de théâtre, l’onirisme cher aux enfants plongés dans le noir, le mouvement du film d’animation, la grimace et le gag. La couverture est éloquente à ce sujet : par une fenêtre ouverte sur la nuit étoilée, les rideaux faisant office d’ouverture théâtrale, on y voit l’ombre grotesque de la fameuse marchande faisant sa tournée. Les trois coups peuvent tomber. Pas ceux du brigadier, mais ceux de la centenaire aux grands battoirs.

La fille du père fouettard
A l’aide de tons chauds et froids en alternance, de dessins à la main et de technique informatique, tout l’ouvrage est un bonheur d’encrage des couleurs. A tel point que l’on regarde et décortique les images (les adultes compris) avant de lire les paragraphes courts et les dialogues aux sonorités restant dans l’oreille. Le lecteur sagace y découvrira même les auteurs auto caricaturés en culottes courtes et en forme de clin d’œil amusant. Quid de l’histoire ? On fait, donc, la connaissance de cette marchande très spéciale qui, en digne fille du père fouettard, distribue à tour de bras des sanctions manuelles aux petits accros à la télé du soir. Bref, tous ceux qui ne veulent pas se coucher, font des caprices et ne peuvent sûrement plus se lever. À ce propos, on découvrira un florilège hilarant de fessées en tout genre – la fessée chinoise qui fait rire jaune, la fessée bio fatalement rustique ou la fessée militaire qui mitraille des cinq doigts. Avec cette distributeur en série, l’adage « Fesses que tu voudras » est passé de mode. Elle porte des chapeaux claques, joint le leste à la parole, ne prend pas de gants avec les garnements et, enfin, avec elle pas moyen de fesse-toyer. Heureusement le jeune Kanak Augustin veille au grain et nous vous laisserons deviner comment il va échapper aux extrémités inflammatoires de la vieille peau. S’il arrive à repousser le problème, nul doute, qu’elle et sa charrette maudite séviront encore. Il ne reste plus aux parents qu’à se procurer ce beau livre pour le conter le soir à la veillée. Et qu’ils en profitent pour éteindre la télé !

Rolross