Remise du Prix Arembo lors de la Journée Internationale de la Femme Mar11

Tags

Related Posts

Share This

Remise du Prix Arembo lors de la Journée Internationale de la Femme

Nous avons eu le plaisir de remettre le prix Arembo à l’écrivaine Dewé Gorodé pour saluer son oeuvre littéraire. Mme Gorodé n’ayant pu se rendre au Centre Tjibaou en raison des difficiles conditions météorologique, c’est sa directrice de cabinet, Mme Astrid Gopéa qui l’a reçu et le lui transmettra.

Nicole Chardon-Isch a prononcé le discours suivant, en cette occasion :

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Ayons ce rêve de donner à notre littérature ses lettres de noblesse !

Il est temps d’accorder le Prix Arembo 2018 décerné par les éditions Noir au Blanc qui ont, sous l’égide de notre amie Hellène Cabassy, créé la collection Voix d’Océanie où bon nombre d’écrivains calédoniens sont désormais publiés, et l’association Ecrire en Océanie, qui a pour vocation la promotion de l’écrit et la découverte de nouveaux auteurs.

 

Je reprendrai cette phrase d’Aragon qui est devenue la maxime du prix AREMBO : « La littérature est une affaire sérieuse pour un pays, elle est au bout du compte, son visage. ».

 

Le prix AREMBO comble un manque, celui d’honorer les grands écrivains de ce pays.

 

Nous décernons aujourd’hui, 8 mars, journée des droits de la femme, le prix Arembo 2018 à un écrivain résidant en Océanie, écrivant en français, notamment pour sa contribution au développement culturel de son pays ainsi que pour sa capacité à livrer un témoignage sur son époque.

 

J’appelle sous vos applaudissements Madame DEWE GORODE, représentée par Mme Astrid Gopéa.

 

Le parcours de Madame Gorode est exemplaire. Un peu d’histoire.

 

Déwé Görödé est née le 1er juin 1949, dans la tribu de l’Embouchure, dans la commune de Ponérihouen (Pwârâiriwâ en paicî, littéralement « l’embouchure de la rivière »), sur la côte Est de la Nouvelle-Calédonie.

 

Ses études littéraires à Montpellier, de 1969 à 1973, marquent les vrais débuts de l’écriture poétique, la découverte des écrivains de la négritude, des romantiques et de Marx…

Révélateur en matière d’écriture, ce séjour en France est également le déclencheur d’une prise de conscience politique. À son retour, elle rejoint les Foulards rouges, puis le Groupe 1878, mouvements contestataires kanak nés de mai 1968. En mai 1976, elle participe à la création du Palika.

 

Licenciée en lettres modernes, elle commence à enseigner en 1974.

 

Entre 1994 et 1996, paraissent Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier et L’Agenda, deux recueils de nouvelles où elle exprime le lien à la terre et la place de chacun dans une société en voie de reformulation.

 

En 1996, elle publie également Par les temps qui courent, un recueil d’aphorismes.

 

Elle poursuit parallèlement son chemin d’écriture en signant Dire le vrai avec Nicolas Kurtovitch.

 

En 2000, à l’occasion du VIIIe Festival des arts du Pacifique à Nouméa, elle s’essaye au théâtre avec Kënâké 2000, mis en scène par Pierre Gope, au théâtre de Poche. Cette pièce traite de la politique et de l’histoire récente et la figure de J.M. Tjibaou y est centrale.

 

L’Épave, son premier roman, paraît aux éditions Madrépores en 2005 ; il est réédité en 2007 et en 2015, en version papier et numérique. Dans le ventre d’une barque échouée, des êtres voient leurs destins s’entremêler, leurs histoires de vie, de mort de d’amour s’entrelacer.

 

Graines de pin colonnaire, un second roman composite, paraît à l’occasion du Salon international du livre océanien, en septembre 2009. On y trouve des voix de femmes, notamment la parole d’une femme malade qui transcende son mal par l’écriture.

 

Le troisième roman, Tâdo, Tâdo, wéé ! – No more baby, est édité par Au vent des îles, à Tahiti, en 2012, dans la collection Littérature du Pacifique. Il retrace l’épopée kanak vue du dedans, au cours du XXème siècle.

 

À l’orée du sable, son dernier recueil de poèmes a été publié en France en 2014, aux éditions Vents d’ailleurs.

Extraits de « A l’orée du sable »

 

Le maître du sanctuaire

Point maître
de la terre
sur le tertre
le prêtre
dit sa prière
à l’ancêtre
tutélaire
dans la pierre
du sanctuaire
L’air est doux

L’air est doux
au clair du jour
tel l’amour
en appel
au secours
en sa tour
prend garde
à l’affût
de mots taillés
en armes fourbies
en écriture
d’embuscade
en poésie
de combat
à remplir
l’absence
le temps
du souvenir

oui
voici venu
le temps
de battre
le rappel
de mémoire
Dewe Gorode est de l’avis de tous un écrivain qui marque son époque, une femme engagée dans sa vie, pour son pays, et tout spécialement dans la défense des droits des femmes.

Merci Madame.

J’appelle Jean–Marie Creugnet, prix Arembo 2015 et Jean Vanmai, prix Arembo 2017 passeurs de relais afin qu’ils vous remettent le trophée 2018.

N. Kurtovitch nous a aussi lu deux poèmes : « Attente » (Dire le vrai, Ed Grain de sable, 1999) et « La colombe de la paix » (Se donner le pays, Ed Bruno Doucey, 2016)