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Etude de Neiko de Jean Vanmai par Nicole Chardon-Isch et brève interview

Calédolivres, le 23 mai 2018

Jean Vanmai, qui a quitté la direction d’entreprise pour manier la plume du diseur, nous a plus habitués à la peinture postcoloniale de sa Calédonie en transformation. Mais il est aussi grand-père, transmetteur de valeurs à la jeunesse, et conteur à ses heures.

Ce soir il nous présente son petit crabe des cocotiers, explorateur infatigable et téméraire, choisi pour accompagner le trophée du prix Arembo attribué l’année dernière par les Editions  Noir au Blanc et l’association Ecrire en Océanie, et qui récompense l’ensemble de son oeuvre.

Quelles sont les caractéristiques de ce conte ?

Identité du protagoniste: Neiko Crabe, « crabe coco »

Défi : escalader une falaise abrupte à la découverte du vaste monde

Motivation : échapper à l’étroitesse de son enclave naturelle

Qualités requises : celles d’un héros (dépassement de soi ; effort ; repousser ses limites)

Quête : Découverte, aventure, exploration

Dangers : chute dans le vide, écrasement, faim, rencontres hasardeuses, inconnu, appréhension, doutes, risques liés au nouvel espace, êtres à deux pattes

Rencontres : certaines vont le conforter, limités par leur anatomie et leur incapacité à se mouvoir vite ; ces rencontres ont une fonction d’encouragement ou sont des mises en garde.

– Waïmo Trocas dit Momo

– Alicia Huître

– Madonata le grillon appelé le Troubadour, ou Krikri 

– Itéma le mille-pattes

– Gocéné Poaka , un jeune cochon

– Eséta la roussette

Stratégies : s’enhardir, retrouver de l’énergie au contact de personnages positifs, se reposer (haltes fréquentes)

Récompense : obtention et épanouissement dans un nouvel environnement : verdure, forêt, cocotiers : « après s’être gavé d’amandes de coco, il s’accorda un moment de repos réparateur au creux des frondaisons fraîches et apaisantes. Il fut réveillé par un être insolite, au milieu de ce monde si étrange pour lui, peuplé d’arbres immenses, de lianes et de fleurs multicolores. »

Genre :

L’allure du conte est ascendante car la quête, du moins partielle, a abouti et appelle une possible suite : derrière l’espace il y a encore de l’espace, une invitation pour notre crabe explorateur à continuer l’expérience ; le point d’incompétence étant atteint il s’agit de se donner de nouveaux défis.

Conclusion :

Quelle leçon pouvons-nous tirer de ce conte ? : l’initiation de Neiko le Crabe vient de commencer ; il a la révélation de la Grande terre et de promesses de nouvelles découvertes ; l’avenir est ouvert pour le jeune explorateur, la quête n’est pas terminée.

Ce conte ressemble aux premiers pas d’un bachelier qui part seul affronter la lointaine métropole.

– il montre la motivation que l’on peut avoir pour aller vers l’inconnu : le confort quotidien rassurant peut paraître ennuyeux et l’espace étrique

– il fournit des renseignements sur les qualités à avoir pour affronter ses ennemis

– Il permet de démêler les rencontres toxiques et celles gratifiantes

– En un mot il révèle une expérience personnelle capable de donner son envol à tout apprenti de la vie

Il va plaire aux tout-petits mais aussi aux plus grands par son caractère allégorique.

QUESTIONS A L’AUTEUR

– Quelles ont été tes sources d’inspiration pour ce conte ?

– Comment as-tu vécu la réception du prix Arembo ?

– Outre l’effort et l’accomplissement de soi, quels messages as-tu voulu faire passer ?

– Peux-tu nous faire part de tes projets littéraires ?

– Quelle ambition pour la présidence de l’AENC ?

REPONSES DE Jean VANMAI

-J’ai été très marqué par la lecture des livres « Jonathan Livingston le Goéland » de Richard Bach 

et « Le Dauphin qui rêvait » de Sergio Bambaren.

Je me suis inspiré aussi du Petit Prince de Saint-Exupéry.

– J’ai reçu en 1981 le Prix de l’Asie qui m’a été décerné à Paris par l’ADELF (Association des Ecrivains de Langue Française). Prix remis dans la célèbre salle de réception de la SGDL (Société des Gens De Lettre) à l’hôtel de Massa, rue du Faubourg Saint-Jacques. 

Seul mon fils aîné qui faisait ses études en France à cette époque était présent.  

– Le Prix Arembo a été pour moi la surprise totale. D’abord parce que je ne m’attendais pas à une telle distinction venant d’éditeurs, de confrères et de consœurs du Caillou. 

Et c’est à ce moment-là que finalement  je réalisais que, sur le plan littéraire, je « vaux » quand même… quelque chose !  

D’autant plus que cette fois-ci, toute ma petite famille qui m’est si chère ainsi que mes amis proches étaient présents lors de la cérémonie de remise du Prix, à Nouméa.

– Le principe qui m’a toujours guidé dans l’existence consiste à faire du mieux que je peux dans tout ce que j’entreprends, sans jamais penser ni calculer d’avance les éventuels gros profits ou « gloires » éphémères… Bref, faire en sorte de ne jamais avoir honte en me regardant chaque matin dans le miroir…

– J’ai déjà dans mes tiroirs quelques projets de romans presque aboutis qui dorment depuis de longues années. 

Un autre projet plus ambitieux sur lequel j’ai déjà accumulé une impressionnante documentation attend le déclic chez moi pour me remettre à l’ouvrage. 

Cela pourrait ressembler à une grande fresque historique sur la Nouvelle-Calédonie à qui je dois tout.

– Je suis revenu à la présidence de l’AENC dans l’objectif de redonner à son organisation davantage force et vigueur. De permettre aussi à la littérature calédonienne de dépasser un certain nombre de clivages. Et surtout de préparer la relève par l’adhésion d’auteurs bien plus jeunes…